Les autorités
américaines commencent à s’inquiéter de l’incroyable augmentation des prêts
étudiants. La dette des étudiants
atteint 1.300 milliards de dollars, ça fait 1.200 milliards d’euros,
c’est davantage que les prêts pour acheter des voitures. Cela représente
la moitié de la dette publique française. La dette moyenne par étudiant est de
32.000 euros aux États-Unis. Il y a aujourd’hui 44 millions d’étudiants et
surtout d’ex-étudiants qui se sont endettés pour financer leurs études, et 8
millions d’entre eux sont en défaut de paiement. Le plus spectaculaire, c’est
que cette dette a progressé de 170% sur dix ans, c’est-à-dire presque triplé
depuis depuis 2006.
C'est l’envolée des frais de
scolarité qui explique un tel bond. Alors que l’inflation n’est que de 2,5% aux États-Unis, le prix
d’une année à l’université progresse de 9 à 12% par an. Une année dans l’un des meilleurs college du pays peut coûter jusqu’à 70.000
euros par an. Les étudiants contractent donc des emprunts pour financer cela,
dans l’espoir de décrocher ensuite un bon salaire qui leur permettra de
rembourser.
Le problème, c’est que nombre d’entre eux abandonnent les études en cours de route, ou sont éjectés par le système si leurs résultats ne sont pas bons. Ils se retrouvent avec une dette sans diplôme, et un salaire plus faible. Ce sont ceux-là qui bien souvent sont en défaut de paiement. Ils peuvent traîner un prêt étudiant toute leur vie. Les plus de 60 ans sont la génération où l’en-cours de prêts étudiants a le plus augmenté. Il s’agit de prêts non remboursés, bien souvent refinancés.
Pour expliquer cette hausse des frais de scolarité, il faut dire que toutes les universités et écoles sont lancées dans une course au chiffre d’affaires. D’abord parce que les subventions des états américains ont diminué. Elles ont chuté de près de 2.000 euros par an et par étudiant dans les années récentes. Et ensuite parce qu’elles veulent recruter des étudiants étrangers, ceux qui payent plein pot, et des donateurs fortunés.
Elles investissent donc dans des locaux sinon luxueux, du moins confortables. Elles recrutent des professeurs étrangers à grands frais. Et surtout, elles ont besoin de lancer des campagnes de marketing. Certaines écoles dépensent presque la moitié de leur budget en communication… Une aberration, qui conduit à un phénomène de bulle : plus les universités dépensent pour recruter, plus les étudiants sont contraints de s’endetter, puisque les frais de scolarité augmentent, sans que la qualité des diplômes s’améliore, puisqu’on n’investit pas dans la formation elle-même. C’est une conséquence inattendue et regrettable de la mondialisation du marché de la formation supérieure, avec le déchaînement d’une concurrence, les établissements américains occupent une place centrale.
Les montants sont importants, mais pas de quoi mettre en péril le système financier américain. Pour régler le problème, il faudrait un plan d’allègement des dettes excessives. Bush l’avait mis en place, Obama avait lui aussi pris des mesures pour interdire les frais de recouvrement facturés aux surendettés, mais la nouvelle administration Trump remet tout cela en cause.
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