Et voilà qu’on reparle de réduction du temps de travail, avec des expériences spectaculaires. C’est la Belgique qui s’est lancée, en adoptant cette semaine une profonde réforme du code du travail qui va permettre aux entreprises qui le souhaitent de passer à 9h30 de labeur quotidien au lieu de 8h, mais sur 4 jours par semaine seulement, avec le même salaire.
Bruxelles a pour cela remis en cause une loi qui date de l’après première guerre mondiale, qui fixait à 8 heures par jour et 6 jours par semaine la durée maximum du travail. L’Islande, un petit pays du Nord de l’Europe, a également généralisé les 4 jours tout récemment. L’Espagne a lancé une expérimentation sur 200 entreprises, tout comme le Royaume-Uni. Au Japon, Panasonic offre à ses salariés cette possibilité, sur choix individuel. Unilever a fait un test avec ses salariés en Nouvelle Zélande.
En France, la moitié des patrons appartenant au Centre des Jeunes dirigeants se disent prêts à tester la formule. Le patron de Total Energie indiquait sur RTL qu'il réfléchissait à donner aux salariés une journée ou une demi-journée de repos par semaine, à charge pour chacun de s’organiser le temps restant pour atteindre ses objectifs. Cela voudrait dire qu’on ne mesurerait plus les heures de travail, mais qu’on jugerait les employés sur leur travail.
C'est une révolution, et si cela ne se fait que maintenant, c'est pour des raisons simples. Il y a une évolution de long terme, le temps de travail ne cesse de diminuer depuis deux siècles, à mesure qu’augmente la productivité des hommes. C’est-à-dire la quantité de production supplémentaire qu’ils effectuent, grâce aux technologies, à une meilleure organisation, à leur meilleure qualification.
C’est un puissant mouvement, qui faisait dire à l’économiste britannique Keynes qu’en 2030, il suffirait probablement de travailler trois heures par jour, "pour contenter le vieil Adam qui sommeille en nous", disait-il. L’autre explication du mouvement, contemporaine, c’est bien sûr l’épidémie, ou plutôt le confinement et le télétravail.
Le télétravail a fait voler en éclats les pratiques et les organisations d’avant. Le monde a fonctionné en télétravail, avec des salariés qui produisaient sans être sous les yeux de leurs managers. Du coup, l’équivalence entre travail, horaire et présence au bureau s’est rompue. Le travail a été ramené à sa nature véritable, une contribution à la réalisation collective.
Le problème, c’est que cette semaine de quatre jours ne pourra pas être proposée à tous. Avec un peu d’organisation et en étendant les horaires quotidiens comme le fait la Belgique, on pourrait aussi le proposer à une partie des travailleurs dits de première ligne, à l’hôpital, dans les métiers de contacts avec le public, contrairement au télétravail. Le problème, c’est le risque de surcharge de travail sur une journée, le burn-out, avec des journées plus longues.
L’affaiblissement du collectif aussi bien sûr, exactement comme pour le télétravail, puisque les salariés réduiraient leur temps de présence commune de 20%. Mais l’avantage, c’est bien sûr le week-end de 3 jours, ou le mercredi pour les enfants. Sans compter l’empreinte carbone, plus faible elle aussi de 20% puisqu’il y aurait moins de déplacements. Et c’est aussi un moyen de séduire les salariés, à l’heure où les ressources humaines sont plus rares et où de nombreux emplois restent non pourvus.
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