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ÉDITO - Retraites complémentaires : l'Urssaf bientôt aux commandes ?

Le magot des retraites du privé fait l'objet d'un bras de fer entre le gouvernement et les partenaires sociaux.

Le logo de l'Urssaf
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Crédit : ERIC PIERMONT / AFP
LENGLET-CO - Retraites complémentaires : l'Urssaf bientôt aux commandes ?
00:03:06
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François Lenglet

C'est un particularisme du système de retraite français. Les 13 millions de salariés du secteur privé cotisent non seulement pour la retraite de base, servie par la Sécurité sociale, mais aussi pour une retraite complémentaire. Cette complémentaire représentera entre 30 et 60% de leur pension, lorsqu’ils ne seront plus en activité. 

Le mécanisme est voisin de la retraite de la Sécurité sociale : les salariés et leurs employeurs versent des cotisations sociales tous les mois, à deux caisses, l’Agirc et l’Arcco, lesquelles servent les pensions aux retraités. Mais à la différence du régime général, cette retraite du privé est gérée par les syndicats et le patronat. Et elle est plutôt bien gérée. Elle ne connaît pas les déficits et elle a accumulé 60 milliards d’euros de réserves, pour d’éventuels temps difficiles. Ce qui n'est pas le cas de la retraite de la Sécurité sociale. 

Le gouvernement veut transférer purement et simplement la collecte des cotisations ainsi que la gestion de la retraite du privé à l’organisme public qui s’occupe déjà de la retraite de base, l’Urssaf. Pour une fois qu’un régime social est bien géré, et nul doute que les syndicats et le patronat s’en occupent en bons pères de famille, c’est évidemment tentant d’y mettre le bazar. 

Quelle est la raison de ce projet d'annexion ?

Officiellement, le but est de simplifier pour les entreprises, qui n’auraient plus qu’un seul organisme collecteur, avec une diminution des frais de gestion. Mais les mauvais esprits, qui ne sont pas toujours les moins clairvoyants, soulignent que les 60 milliards de réserves seraient fondus dans la masse et permettraient d’éponger les déficits existants, voire de financer de nouvelles prestations dans le cadre de la future réforme. Sans compter les futurs excédents, si l’on repousse l’âge légal comme c’est envisagé, pour une économie de 7 milliards par an. 

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Les partenaires sociaux sont "archi" contre. Ils redoutent les vases communicants, c’est-à-dire que l’argent de leurs adhérents ne soit utilisé au bénéfice d’autres. En fait, ils craignent qu’on ne leur refasse le coup de l’assurance-chômage, qui a été purement et simplement étatisée, alors qu’ils en avaient la gestion. Le bilan était moins flatteur que pour l'Agric-Arcco. Ils ont le soutien de nombreux parlementaires, en particulier au Sénat, qui a voté contre l'annexion la semaine dernière. 

Pour savoir si le gouvernement va passer en force, il faudra attendre le vote du projet de loi sur la Sécurité sociale qui a lieu mardi 15 novembre et qui intègrera ou non l'amendement. La réforme devait déjà être appliquée dès début 2022. Mais l’hostilité générale avait obligé l’exécutif à battre en retraite, si je puis dire. Réaliser un tel coup de force à la veille d’une réforme des retraites, pour laquelle on prétend vouloir négocier avec les syndicats, serait comme faire une demande en mariage avec un fusil chargé. Il n’est pas sûr que cela attendrisse les esprits. 

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