Cette étude, publiée par la banque d'Irlande, a été réalisée à partir de 24 millions d’offres d’emplois publiées sur le site Indeed dans toute la zone euro. Au dernier pointage, qui date d’octobre dernier, les salaires avaient augmenté de 4,7% en France sur un an, tous postes confondus. La moyenne est légèrement supérieure pour la zone euro, avec une hausse de 5,2%. L'Allemagne détient le record avec une progression de 7,1%.
Ces chiffres semblent plus élevés que les augmentations accordées par les employeurs français. Mais cette étude se base sur les offres où le salaire proposé reflète aussi les tensions sur le marché du travail, à cause des pénuries de ressources qui frappent tous les pays. Les salaires des employés en place sont évidemment plus inertes.
Ils dépendent des accords syndicaux et de la situation de l’entreprise. Mais en général, dans un marché du travail dynamique, comme celui que nous connaissons – rappelons qu’on a encore créé 90 0000 emplois au troisième trimestre – les salaires des nouveaux arrivants entraînent ceux des salariés déjà présents, que les employeurs tentent de retenir.
Les services à la personne, le nettoyage, la restauration, les chauffeurs routiers ou les livreurs sont en tête du classement des emplois avec les plus fortes progressions. En moyenne, sur la zone euro, ils sont tous à plus de 7% d'un an sur l'autre. Les emplois où la présence physique nécessaire sont ceux où les entreprises sont prêtes à payer plus. Or, ces emplois sont aussi les moins qualifiés. Pour la première fois depuis quarante ans, les emplois non qualifiés voient leur rémunération augmenter plus vite que les emplois qualifiés, c’est une révolution. Et l’on observe exactement la même chose aux États-Unis, d'après les statistiques de la Federal Reserve. C’est la revanche des non qualifiés.
Depuis la pandémie, les candidats à ces postes sont plus rares, parce que leurs contraintes horaires ou physiques sont ressenties plus durement. C’est donc la loi de l’offre et de la demande qui joue en faveur des salariés. Alors que pour les emplois, généralement plus qualifiés, le rapport de force n’est pas aussi tendu. De plus, les candidats à ces postes préfèrent négocier de la liberté plutôt qu’un bonus salarial.
Non. Les salaires ont accéléré à partir de la mi-2021, bien avant la guerre en Ukraine et l’emballement des tarifs de l’énergie. En réalité, c’est la forte reprise de l’économie post-confinement qui fait monter les salaires en augmentant les offres d’emplois. Le choc énergétique n’arrive que dans un second temps.
Et pour la situation qui va se profiler pour 2023, un responsable patronal confiait que les négociations dans les entreprises seraient beaucoup plus dures que celles de l'année dernière où les syndicats et le patronat s’étaient accordés autour de 3%. Mais l’inflation n’était pas aussi forte qu’aujourd’hui.