Le groupe Le Duff, spécialiste français de la boulangerie, annonce jeter l’éponge et renoncer à créer une usine en Bretagne, à cause de plusieurs associations locales de défense de l’environnement.
Ce groupe, c’est une entreprise familiale et un géant français de l’agro-alimentaire. Il réalise plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et est très actif à l’international, en Amérique du Nord notamment. Louis le Duff, le patron et fondateur, breton, aujourd’hui presque octogénaire, a commencé avec un établissement à Brest en 1976, qu’il a appelé Brioche dorée. Depuis, la trajectoire a été éblouissante. Il a repris et développé de nombreuses marques comme Pizza Del Arte, le Fournil de Pierre, Kamps, Bridor… dans de nombreux pays. Voilà en effet plusieurs années qu’il projetait l’ouverture d’un nouveau site de production, en Bretagne, de 500 emplois. Il s’agissait de satisfaire la forte demande internationale de viennoiserie à partir de la ville de Liffré, en Bretagne.
Le permis de construire de cette l’usine ultra-moderne a été délivré, le maire soutient le projet, l’enquête publique avait conclu favorablement. Mais les recours se sont multipliés de la part des défenseurs de l’environnement, qui redoutent l’artificialisation d’une quinzaine d’hectares, qui s’époumonent contre la forte consommation d’eau de la future usine, ainsi que de ses rejets. Et qui militent pour la sauvegarde d’une espèce protégée, le fameux muscardin. C'est un micromammifère qui hiberne six mois de l’année, qui a l’air d’une grosse souris. Il est protégé par un arrêté datant de 2007.
Le groupe Le Duff a alors décidé d'abandonner. C’est ce qu’il affirme aujourd’hui, lassé des retards incessants. Il va donc investir dans des capacités supplémentaires, mais à l’étranger, au Portugal et en Amérique du Nord. Tant pis pour les 500 emplois bretons.
Et il n’y a pas moyen de construire une usine propre et respectueuse de l’environnement ?
Le groupe Le Duff assure que toutes les précautions auraient été prises. Mais au fond, le combat des quelques centaines d’opposants est plus large. C’est tout un modèle qu’ils contestent : la centaine de camions qui fera la noria quotidienne autour de l’usine, et le principe même de l’exportation, fût-ce de produit aussi peu pondéreux que des croissants, qui émet du carbone à cause du transport. On ne peut plus fonctionner ainsi, estiment-ils, à l’heure où le changement climatique s’accélère, et après les dégradations environnementales qu’a connues la Bretagne à cause de l’agro-alimentaire, spécialité industrielle de la région. Ils voudraient créer une agriculture en circuit local à la place. C’est un tout autre projet.
À l’heure où l’on parle de relocalisations, c’est de plus en plus compliqué d’implanter des usines en France. C’est exactement le même problème que la ferme des 12.000 cochons du Finistère, autorisée par le Préfet hier mais contestée par de nombreux riverains. Ou que l’affaire toute récente des méga bassines de Sainte-Soline dans les deux Sèvres. Ou encore celle des entrepôts d’Amazon à Pont-du-Gard. Ce sont les guerres d’aujourd’hui, difficiles à trancher : la tranquillité et les paysages, au risque de n’avoir plus que des chômeurs et des retraités pour les contempler, ou l’activité économique, au risque du bruit et du carbone. Le muscardin ou l’emploi, en somme.
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