Ce samedi 29 octobre, le rassemblement "anti-bassines", qui s'oppose à la construction d’une réserve d’eau d’environ 700.000 m³ à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a dégénéré entre les manifestants et les forces de l'ordre. Peu après les incidents, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que "61 gendarmes ont été blessés, dont 22 sérieusement".
Depuis plusieurs années, des coopératives agricoles ont créé et continuent de faire construire ces "méga-bassines" fortement décriées par les militants écologistes et même par certains agriculteurs.
La préfecture des Deux-Sèvres a prolongé jusqu'à mercredi l'interdiction de manifester dans le secteur de Sainte-Soline. "L'objectif n'est pas d'organiser une ZAD (zone à défendre, ndlr)" mais "d'être sur ce terrain pour surveiller le chantier" à partir d'une tour de guet en bois, construite durant le week-end", a expliqué à l'AFP Jean-Jacques Guillet, un des porte-parole du mouvement.
Une bassine est un grand étang de rétention d'eau qui doit permettre de bénéficier d'eau l'été, même en cas de sécheresse. Certaines d'entre elles peuvent accueillir jusqu'à 240.000 m³ d'eau et sa surface peut atteindre l'équivalent de sept à dix terrains de football. Sa profondeur peut atteindre 15 mètres.
C'est justement une des questions qui pose problème. Au micro de RTL, Vazken Andréassian, hydrologue à l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), a expliqué qu'il existait plusieurs moyens pour remplir ces bassines : "Il y a deux sortes de bassines. Certaines sont alimentées par des rivières, comme dans la Seine ou la Marne. Certaines (comme celle voulue sur le chantier de Sainte-Soline ndlr) sont remplies avec de l'eau que l'on va pomper dans la nappe souterraine", a-t-il assuré.
Pour éviter les restrictions liées à la sécheresse, "on pompe durant la période où c'est autorisé, en général pendant l'hiver". Ce dispositif permet notamment aux propriétaires de ces réservoirs d'avoir de l'eau lorsque c'est nécessaire.
Pour Vazken Andréassian, le mécontentement lié au chantier prévu à Sainte-Soline, est avant tout "un problème moral" et repose sur le droit à l'usage. Il a assuré que "la question qui se pose est celle de l'accaparement. À qui appartient cette eau ?"
Il a déclaré que les "petits agriculteurs" pourraient se retrouver défavorisés face à des groupements au capital plus important : "Ces bassines, elles nécessitent un capital et des travaux importants et ce sont des travaux qui pourraient très bien être faits par l'État. Dans ce cas précis, ce sont des sociétés privées ou des groupements d'agriculteurs privés qui vont le faire".
"Ce que je vois, c'est que les petits agriculteurs qui ne sont pas capables de faire ces investissements, ont peur qu'il y ait moins d'eau dans la nappe pour leur usage", a-t-il expliqué. "Les gros agriculteurs pourront contourner les interdictions alors qu'eux ne pourront pas le faire".
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