200.000 salariés seraient mis au placard en France. Ces travailleurs sont payés à ne rien faire, ils tournent en rond et ne sont pas suivis par un supérieur. Cette situation peut arriver dans une carrière, à tout âge, dans le privé comme dans les administrations. Selon l'Institut Montaigne, les femmes sont plus concernées que les hommes. Et c'est encore plus douloureux pour les séniors à qui on fait comprendre qu'ils ne sont plus rien. Parfois, on ne sait pas quoi faire d'eux. Parfois, et c'est pire, ce traitement est une sanction. Outre la violence pour les salariés, conserver ces éléments est un non-sens pour l'entreprise.
Cette mise au placard est un sujet totalement tabou. Peu d'études sont faites pour compter le phénomène. Le placard, qu'il soit doré ou clouté façon cercueil, coûte cher à l'économie, au moins 10 milliards d'euros par an. Ce phénomène vient s’ajouter à la perte de sens qui grandit chez les salariés, ce sentiment de ne pas savoir ce qu’on fait au travail et qui s'est amplifié depuis la crise Covid. Près de 3 salariés sur 10 se disent "non investis" au travail aujourd'hui. C'est mauvais pour la production, pour les entreprises et pour l'économie en général.
Pour éviter cette perte de sens, les DRH doivent commencer par faire sortir les salariés du placard, pas pour prendre la porte ni pour les virer. Mais plutôt, quand c'est possible, ils doivent réussir à remettre les salariés à leur table de travail : redoubler les efforts sur les formations, miser sur la nouvelle technologie, sur les usages et sur les réseaux sociaux. Mettre à niveau permet déjà aux salariés d’avancer.
Il faudrait, enfin, se pencher sur les fins de carrière en France. Le travail à mi-temps, des tâches moins complexes, les anciens qui jouent les tuteurs pour les jeunes ou un bonus pour les entreprises vertueuses, tout reste à inventer pour mieux traiter les salariés après 30-40 ans de travail.
Ouvrir les placards, c'est faire la lumière sur des abus inadmissibles. L'association des DRH le dit. Broyer sciemment plutôt que de licencier, placardiser pour faire craquer, jusqu’à ce que le salarié parte de lui-même, est inadmissible et se rapproche du harcèlement moral. Il faut ouvrir le chantier des salariés coincés sous le buffet, bloqués dans le cagibi ou coffrés dans le tiroir. Ce combat est aussi important que l'égalité femme-homme, la lutte contre les comportements sexistes ou la prise en compte du burn-out dans le monde du travail.
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