ÉDITO - 30 ans du SAMU social : "Un standard qui ne réussit pas à répondre à l'urgence", selon Alba Ventura

Il y a 30 ans, jour pour jour, le 21 novembre 1993, le Samu social naissait. Une belle idée à l'initiative de Jacques Chirac, alors maire de Paris. C'était alors Xavier Emmanuelli, médecin humanitaire, qui voulait un SAMU social comme il existait un SAMU médical. Une idée reprise, depuis, un peu partout en France et même à l'étranger. Cela consistait, au départ, à aller au-devant des personnes en difficulté, à la rue.

C'est à ce moment-là que sont nées les maraudes : ce petit bus qui sillonnait Paris pour apporter un peu de réconfort, du café chaud et quelques paroles. À l'époque, le SAMU social s'occupait des sans-abris, des personnes aux parcours cabossés, des marginaux. On disait des clochards, des hommes avec leur chien. Des hommes qui risquaient pour leur vie dehors et qu'il fallait héberger et dont il fallait prendre soin. 

Évidemment, en 30 ans, le SAMU a changé... Ce sont plutôt les besoins qui ont changé. On est passé de 80.000 personnes à 300.000 personnes. Une population beaucoup plus large et diverse : plus de femmes, plus de jeunes en difficulté, plus de familles, plus de gens mal-logés et une grande moitié de migrants. 

Toutes ces personnes qui appellent le 115, le numéro d'urgence. Car, depuis une décennie, c'est la loi : le Samu social a la charge de tous les hébergements d'urgence. Sans condition. On ne vous demande pas vos papiers, on héberge parce que c'est un droit. Sauf que ça ne suit pas. Parce que la demande est exponentielle. Le séjour moyen était de quelques semaines, il est passé à deux ans et demi. Le logement d'urgence est devenu un logement en fait. Car il n'y a pas assez de logements sociaux ou parce que les personnes en difficultés n'ont pas les moyens de se loger.
 
Le SAMU social, c'était une organisation humanitaire de maraude destinée à aller à la rencontre de ceux qui ne demandent plus rien. C'est devenu un standard, le 115, qui ne réussit pas à répondre à l'urgence. Triste anniversaire.