Syndicaliste à SUD Rail, Sébastien a perdu l'usage de son œil gauche après l'explosion de ce qui serait une grenade de désencerclement lors de la manifestation contre la réforme des retraites, le 23 mars dernier, à Paris. Il raconte, au micro de RTL, la violence du choc et les séquelles psychologiques.
De retour à son domicile, assis sur son canapé, le visage encore meurtri, Sébastien porte un bandage sur son œil gauche, arraché alors qu'il manifestait en tête de cortège avec ses camarades syndicalistes. "J'étais avec mon fils quand ça commençait à chauffer. On a décidé de faire machine arrière. Et quand on est revenu sur nos pas, il y aurait eu une grenade de d'encerclement qui aurait explosé juste devant moi", explique l'homme de 47 ans qui portait une chasuble fluorescente.
"C'est là où on m'a appris que je ne verrai plus de mon œil gauche"
Sébastien, cheminot
Touché au niveau de son œil gauche, Sébastien tombe au sol. "J'ai été pris en charge par mon fils qui m'a sorti de la manifestation. Puis, on a croisé des Street Medic qui nous ont mis dans une porte cochère et on a appelé les pompiers", raconte le cheminot encore éprouvé par le choc. Sébastien est ensuite transporté à l'hôpital Cochin par les pompiers. "C'est là où on m'apprend que je ne verrai plus de l'œil gauche".
Marqué physiquement et mentalement, il ne rejette pas la faute sur les forces de l'ordre directement, mais sur le gouvernement d'Elisabeth Borne. " On peut se demander si l'entêtement du gouvernement n'a pas joué sur la fatigue de la police. Pour moi, le gouvernement a une part de responsabilité", assure-t-il. L'homme compte donc porter plainte. " Il n'y a pas de raison que lorsqu'on manifeste pacifiquement, on se retrouve éborgné."
"Qu'est ce que j'ai fait pour en arriver là alors que j'ai toujours été pacifiste"
Sébastien, cheminot
Touché au niveau de l'orbite, l'homme enchaîne les rendez-vous médicaux depuis sa sortie de l'hôpital. Plusieurs opérations sont déjà prévues dans les mois à venir. " Physiquement, on subit un
choc et mentalement, on se dit que ce n'est pas juste, on n'a rien fait de mal. Pourquoi ça nous tombe dessus. Qu'est-ce que j'ai fait pour en
arriver là alors que j'ai toujours été pacifiste", s'interroge-t-il.
De son côté, la préfecture de police de Paris
confirme qu'un homme blessé à l'œil a bien été pris en charge par les pompiers,
mais précise toutefois que les causes des blessures restent à définir.
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