Les musulmans français doivent-ils prendre la parole et manifester plus visiblement leur émotion et leur opposition à l'islamisme ? C'est une question qui survient à chaque attaque impliquant l'idéologie islamiste dans notre pays. Et avec l'attaque de Nice du 29 octobre, ce questionnement ressurgit.
"Les musulmans comme citoyens n'ont pas à se prononcer au nom de la religion, rétorque le recteur et l'imam de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, connu pour représenter un islam progressiste. Ce sont aux institutions de parler au nom de la religion. Sinon on va communautariser les musulmans par des injonctions, des obligations d'être visibles dans la condamnation. C'est comme dans l'église catholique, c'est l'Église qui parle au nom de la religion", ajoute-t-il.
"Pour préserver l'ordre public, il faut parfois renoncer à certains droits." C'est ce qu'a expliqué le président du conseil français du culte musulman (CFCM) après avoir soutenu la position du président Macron en appelant "à ne pas renoncer à la caricature sous la pression des terroristes". Un positionnement ambigu de Mohammed Moussaoui qui a causé quelques remous.
"La liberté est au fondement de notre République, a insisté Tareq Oubrou invité sur l'antenne de RTL. J'ai réservé cinq sermons du vendredi à une théologie de la liberté de l'offense de Dieu et son prophète, explique l'imam. C'est inscrit dans le Coran : Dieu a donné la liberté à l'homme de l'offenser. Ce n'est pas à l'homme de se substituer à Dieu et de se mettre en colère à sa place. Le croyant doit vivre sa foi en tant que telle. Et l'incroyant est libre".
"En ce moment, on passe de la théologie à l'idéologie, regrette Tareq Oubrou. C'est un passage qui est redoutable pour la religion musulmane. La théologie elle intègre la spéculation et la discursivité dans le raisonnement. La foi doit être intelligente. Le Moyen-Âge musulman était foisonnant de théologie spéculative. La foi doit être travaillée par les lumières de la raison. Sinon c'est le fanatisme. Malheureusement, un discours victimaire qui n'est pas fanatique mais incite au fanatisme crée un foyer favorable à ce genre de dérapage."
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