Une fois de plus, une petite phrase d'Emmanuel Macron a fait polémique. Le président de la République était ce mardi 6 octobre en visite à l'hôpital Fondation Rotschild, dans le XIXe arrondissement de Paris, et il en a profité pour discuter avec les soignants : "Ce n'est pas une question de moyens mais d'organisation", a-t-il déclaré à une soignante qui demandait plus de moyens.
Pour Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUF), Emmanuel Macron "n'a pas complètement tort, mais tout le monde a raison sur ce sujet. Quand il dit qu'il n'est pas responsable, en effet ça fait 20 ans qu'on restreint les moyens, qu'on ferme des lits. Mais nous sommes face à l'évolution de l'épidémie, les modèles sont inquiétants, et le challenge c'est de soigner tout le monde, pas seulement les malades atteints de la covid-19", explique-t-il au micro de RTL.
Lors du Ségur de la santé, le gouvernement s'est engagé à investir 8 milliards d'euros pour le personnel hospitalier, notamment avec une hausse nette de salaire mensuel de 183 euros net. "Ce n'est pas rien en effet, mais il y a un tel retard, et nous sommes face à une telle échéance d'utilité publique, que là, il faut plus de moyens", estime Patrick Pelloux.
Le médecin urgentiste estime aussi que la situation est trop dégradée à court terme : "Si on voulait recruter des dizaines de milliers d'infirmières on ne les aurait pas. Il y a plein de postes libres, mais environ 60.000 infirmières ont arrêté le métier tellement c'est fatiguant. Il faut former 150 réanimateurs médicaux et pas 75 par an. On crée notre propre pénurie de soignants. On a raté le fait de donner des conditions hyper attractives pour faire revenir le personnel médical dans les hôpitaux." Enfin, Patrick Pelloux appelle à avoir "un vrai débat sur le système de santé public".