Coronavirus : "Déstabilisant, contrariant, puis déprimant", constate un psychiatre
INVITÉ RTL - Le coronavirus a gravement fait chuter le moral des Français. Nicolas Franck, psychiatre à Lyon, témoigne d'"un afflux beaucoup plus important" de nouveaux patients.

Tandis qu'Emmanuel Macron a annoncé mardi 24 novembre les étapes d'une sortie progressive du confinement, le président de la République a également appelé à "une stratégie" pour lutter contres les détresses psychologiques. Un sujet que maîtrise à la perfection Nicolas Franck, psychiatre praticien hospitalier à l'Université Lyon Claude Bernard et auteur de Covid-19 et détresse psychologique, paru récemment aux éditions Odile Jacob.
Et avec bientôt un an de pandémie, deux confinements et de nombreuses restrictions sociales, l'état de santé mentale des Français est "précaire" en cette fin d'année 2020, indique le médecin. "Il y a l'effet cumulatif des deux confinements, il y a toutes les contrariétés des mesures à venir et d'un déconfinement extrêmement progressif, il y a la rupture des liens sociaux, il y a l'isolement, il y a la réduction de la luminosité, donc effectivement notre santé mentale est altérée en ce moment", confirme le spécialiste.
"Je vois quotidiennement des étudiants qui se sentent désespérés, en perte d'espoir, parce qu'ils sont coupés de leurs camarades, que leurs universités sont fermées. Des personnes qui ont télétravaillé, qui sont en burn-out parce qu'elles n'ont pas su limiter le temps de travail par rapport au temps privé. Des personnes qui ne voient pas l'avenir, de tout âge", concède le psychiatre qui détaille les symptômes spécifiques de cette baisse flagrante de moral : "Ça va être se sentir irritable, tendu, mal dormir, ne plus avoir de rythme. Être contrarié, ne plus pouvoir se projeter dans l'avenir, et puis après ça se constitue en dépression ou en troubles anxio-caractérisés".
1 Français sur 5 pense au suicide
Franck Nicolas précise que la particularité de cette année, c'est que "des personnes qui avaient déjà des troubles psychologiques vont les voir s'aggraver et des gens qui n'ont jamais vu de psychologue ou de psychiatre de toute leur vie viennent pour la première fois, et c'est bien plus que d'habitude".
Une situation inédite, dans laquelle le professionnel a constaté "un afflux beaucoup plus important" de nouveaux patients. Lors du premier confinement l'usage des antidépresseurs était en hausse de +20%, et dans une enquête parue récemment, 1 Français sur 5 songerait au suicide. Un constat alarmant qui signifie "qu'il faut prendre soin de la population", indique le psychiatre.
Cela découle d'un contexte exceptionnel explique Franck Nicolas : "Dès le mois de mars on s'est rendu compte qu'on vivait un événement mondial, qui était déstabilisant au début, qui est devenu contrariant à la suite, et déprimant à la fin des deux confinements (...) c'est vraiment un obstacle énorme à surmonter qui retentit sur le moral des Français".
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