C’est un privilège de pouvoir s’exprimer, de débattre, de critiquer, d’applaudir aussi. C’est un privilège d’être en démocratie. Pour maintenir cette démocratie, cette société doit cesser de creuser les écarts, ou du moins il faudrait de l’entraide des plus favorisés aux plus démunis. Il faudrait de la solidarité. De la considération. De l’élégance...
Je me souviens avoir été soulagée par le discours d’Emmanuel Macron au début du
confinement, quand il nous a dit que tous les Français, et notamment les plus
vulnérables, seraient protégés, même si on voit aujourd’hui que c’est compliqué, mais il a dit que l’État allait payer. L’État : les Français, évidemment !
Mais n’est-ce pas normal et même gratifiant de payer des impôts pour que tout le monde puisse manger à sa faim ? Que tous nos enfants puissent s’instruire à l’école publique ? Que nous puissions tous être soignés à l’hôpital public ? Si l’État et la société prennent enfin conscience de son importance et de sa précarité. Que nos impôts puissent également aider les plus démunis ? Que des emplois soient préservés ? Des emplois qui sont indispensables au bon fonctionnement de la vie.
On ne va pas aux Restos du cœur quand notre réfrigérateur est rempli
André Bescond
Il me semble que c’est un privilège d’être imposable, et c’est aussi un privilège qu’en ces temps de crise sanitaire les entreprises bénéficient du chômage partiel pour leurs employés. Seulement, parfois, l’humain n’aime pas réduire ses acquis et sa compétitivité, et cette juste initiative du gouvernement profite à des entreprises ou des institutions qui auraient dû avoir l’élégance de s’abstenir d’y avoir recours, au moins les premiers temps, car c’est vrai qu’on ne sait pas encore combien de semaines cela va durer.
Les trésoreries ne sont pas éternelles mais il serait fondamental que ces entreprises ou ces institutions les plus aisées soient dirigées par des humains qui ont du cœur, de l’écoute et de l’élégance. Voyez ? Tout comme on ne va pas aux Restos du cœur quand notre réfrigérateur est rempli ! Tout comme on n’est pas intermittent du spectacle si on est un acteur de cinéma à succès ! On ne bénéficie pas du chômage partiel et des aides mises en place par l’État si on continue de générer du chiffre d’affaire ou si on profite d’avantages fiscaux.
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dit : "Il va de soi que si une entreprise a son siège fiscal ou des filiales dans un paradis fiscal, je veux le dire avec beaucoup de force, elle
ne pourra pas bénéficier des aides de trésorerie de l’État". Bravo, c’est logique ! Après, peut-être que l’idéal aurait été d’inscrire cela dans la législation, ce qui a finalement été refusé en commission mixte paritaire.
Mais il faut souligner que, de toutes façons, la liste française des paradis fiscaux ne contient que 13 pays. Pourtant, il y en a plus, et notamment en Europe, et cela profite à beaucoup de grandes entreprises quand de nombreuses PME ou petites Sarl connaissent aujourd’hui le danger du dépôt de bilan par manque de soutien de l’État, car l’État étouffe. Tous ces petits restaurants, ces petits bars, ces salles de sport indépendantes et j’en passe...
La solidarité, ce sont les petits salaires
Andréa Bescond
La solidarité, ce sont les petits salaires, ils sont dignes, travailleurs, courageux et ils ne pourront pas travailler plus pour combler les pertes. Il y a des petits salaires mais pas de petits métiers. Je citerais par exemple, l’élégance de Mathieu Brégardis, qui continue de se lever chaque matin pour mettre en rayons des articles dans un supermarché.
La solidarité, aujourd’hui, ce sont aussi des chefs d’entreprises qui estiment que, pour l’instant, ils n’ont pas à bénéficier des aides de l’État car ils ont la trésorerie. Je citerais par exemple l’élégance de Jean-Marc Dumontet, qui continue de payer le salaire complet de la majorité des employés de sa production artistique.
La solidarité, c’est aussi de laisser l’opportunité à l’État d’aider ceux qui en ont plus besoin que soi. La solidarité, c’est le regard bienveillant que l’on porte sur ses concitoyens.
Quand on a l'élégance, le monde est meilleur
Andréa Bescond
J’ai une petite anecdote : c’était en juillet 2017, nous tournions notre film Les chatouilles, nous étions en annexe trois, c’est à dire que toute l’équipe technique était payée au minimum garanti puisque nous n’avions pas pu bénéficier des aides financières que nous espérions et, d’ailleurs, même les acteurs s’étaient engagés à tourner en dessous de leur tarif.
Un soir, épuisés après une longue journée de tournage, nous avons décidé d’aller manger à quelques-uns, électros, régisseurs, acteurs. Nous n’avons pas fait attention que le restaurant dans lequel nous mangions était délicieux mais très onéreux. Sur le coup, ça nous a un peu figés car nous n’avions pas tous les mêmes niveaux de vie, mais tout le monde était décidé à passer ce bon moment convivial, alors tant pis.
À la fin du dîner, un des acteurs a quitté la table et est allé discrètement payer l’addition pour tout le monde. C’était Clovis Cornillac. Voilà, dans la vie on peut avoir de l’argent, on peut ne pas en avoir et puis la roue peut tourner aussi. Mais une chose est sûre, c’est que l’élégance, celle qui maintient la solidarité, la fraternité et du coup la démocratie, quand on l’a, ben oui, forcément, le monde est meilleur.
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