Conditions de travail, salaire, mutations... Pourquoi les professeurs démissionnent

L'Éducation nationale a été obligée de repousser d'un mois la date d'inscription aux concours d'enseignement, faute de candidats : c'est la deuxième fois en deux ans. Sur l'année scolaire 2021-2022, plus de 2.800 professeurs ont démissionné, selon le ministère de l’Éducation nationale. C'est cinq fois plus qu'il y a dix ans. Ce chiffre, toutefois, représente à peine 0,3 % des enseignants en France. Comment expliquer ce phénomène ?

Le constat est alarmant selon Cécile Suel, secrétaire nationale du syndicat UNSA, chargée des parcours professionnels : "On est très inquiet, car à nouveau, les concours n'ont pas fait le plein. La situation va certainement se reproduire, d'où la nécessité de repousser d'un mois les inscriptions au concours. On sent que le ministère est aux abois."

L'éducation nationale rencontre un double problème : "Non seulement, nous avons ce souci des potentiels candidats qui finalement se tournent vers autre chose que les métiers de l'enseignement. Mais on a aussi les enseignants eux-mêmes, en poste depuis un moment, qui ont envie de partir", explique Cécile Suel.

Des conditions de travail déplorables

La journaliste Nérissa Hémani a recueilli un témoignage inquiétant d'une professeure d’histoire-géographie dans un collège. Cette dernière, ayant obtenu le concours l’an dernier, veut déjà démissionner : "On va de plus en plus vers du clientélisme, je suis dans le privé, et comme les parents payent, ils estiment qu'ils doivent avoir un service en retour tel que les bonnes notes. J'ai plusieurs collègues qui ont des messages agressifs, des coups de téléphone de la part des parents qui contestent la note", affirme-t-elle avant d'ajouter "on se sent remis en question et cela met à mal notre autorité".

La majorité des enseignants qui démissionnent ont plus de cinq ans d'ancienneté dans l'Éducation nationale, souligne Nérissa Hémani. 30 % sont des jeunes profs stagiaires, qui viennent juste d'avoir le concours. Il y a plus de professeurs des écoles qui démissionnent que de professeurs de collège ou de lycée.