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Éducation nationale : pourquoi de plus en plus de professeurs démissionnent
Une rémunération trop faible pour des missions en constante évolution, des conditions de travail dégradées et l'impossibilité d'être muté près de sa famille en début de carrière : les explications sont multiples.
Un professeur dans une école élémentaire, le 9 septembre 2014 à Paris
Crédit : AFP / Archives, Fred Dufour
L'Éducation nationale a été obligée de repousser d'un mois la date d'inscription aux concours d'enseignement, faute de candidats : c'est la deuxième fois en deux ans. Sur l'année scolaire 2021-2022, plus de 2.800 professeurs ont démissionné selon le ministère de l’Éducation nationale. C'est cinq fois plus qu'il y a dix ans. Ce chiffre, toutefois, représente à peine 0,3% des enseignants en France.
Mais le problème, c'est qu'il augmente, chaque année, et qu'il pourrait être encore plus important selon les syndicats. En effet, à cause du manque de profs, les rectorats refusent beaucoup de démissions et de ruptures conventionnelles. Résultat : certains enseignants demandent une disponibilité, qui est comme un congé sabbatique. C'est plus rare, mais en cas de refus, certains vont jusqu'à se mettre en arrêt maladie en attendant que leur démission soit acceptée.
La majorité des enseignants qui démissionnent ont plus de 5 ans d'ancienneté dans l'Éducation nationale. 30% sont des jeunes profs stagiaires, qui viennent juste d'avoir le concours. Il y a plus de professeurs des écoles qui démissionnent que de professeurs de collège ou de lycée.
Les raisons de ce mal-être
La raison qui revient beaucoup est la rémunération. En début de carrière, un prof au collège gagne 2.000 euros net par mois. C'est environ 100 euros de plus que l'an dernier, mais insuffisant pour les syndicats, qui rappellent que les profs ont perdu entre 15 et 25% de pouvoir d'achat en vingt ans, avec des conditions de travail qui se dégradent.
Le nombre d'élèves par classe augmente, les missions des enseignants aussi. Ils doivent par exemple inclure les élèves en situation de handicap dans leurs classes, parfois sans l'aide d'une AESH, une accompagnante d'élève en situation de handicap, puisqu'il en manque partout en France.
Une autre raison du mal-être : le fait de ne pas choisir son lieu de travail. Un prof débutant au collège-lycée est souvent affecté en région parisienne, loin de sa famille, sans possibilité de mutation avant plusieurs années.
Il y a des règles assez strictes dans l'Éducation nationale pour obtenir une mutation : il faut accumuler un certain nombre de points grâce à l'ancienneté. Être marié ou pacsé ou avoir des enfants peut aussi aider à en obtenir. Mais dans les académies les plus demandées, le processus peut être très long, et certains préfèrent jeter l'éponge.