Changement climatique : "L'enseignement doit préparer à l'avenir", selon Jean-Marc Jancovici
À cause de la modification environnementale, un certain nombre de choses en matière de biologie, de sciences, d'Histoire, de géographie devront enseignées différemment, selon Jean-Marc Jancovici.
C'est une évidence, l'enseignement doit préparer à l'avenir. Si on enseigne des choses à nos enfants, c'est bien pour qu'ils soient armés pour demain, pour comprendre le monde, exercer un métier... Or la modification environnementale ainsi que celle de nos modes de vie vont demander demain des compétences et des métiers qui ne sont pas exactement celles et ceux qu'on avait hier.
Quand on regarde le plan de de transformation de l'économie française du think tank Shift Project, on voit que nous devrons avoir moins de monde dans la construction automobile et plus dans la construction et l'entretien des vélos.
Idéalement, nous devrions avoir plus de monde dans l'agriculture et la forêt. Nous aurons aussi besoin de plus de monde dans la transformation et la réparation des appareils que nous avons. Au contraire, nous aurons probablement besoin de moins de monde dans des bureaux.
S'organiser pour l'avenir
On voit donc bien que nous n'aurons pas besoin des mêmes personnes. Par ailleurs, quand on réfléchit à comment on s'organise, on doit prendre en compte des choses qui n'existaient pas avant : hier, le réchauffement climatique n'existait pas. Pas besoin de s'en préoccuper, donc, pour savoir comment s'organiser pour l'avenir.
Évidemment, apprendre à lire et à compter va rester la même chose. 2 + 2 feront toujours 4, quel que soit l'état du climat. Une phrase comportera toujours un sujet, un verbe, un complément, quel que soit l'état du climat. Mais un certain nombre de choses en matière de biologie, de sciences, d'Histoire, de géographie devrait et devra être appris différemment.
Un chantier titanesque
Nous avons un millions d'enseignants dans ce pays. À l'évidence, on ne peut pas changer les programmes sans former les gens qui enseignent. Il y a donc un chantier important, celui de savoir ce que l'on va enseigner aux élèves et aux étudiants. Mais il y en a un autre, tout aussi important, celui de modifier les compétences des enseignants eux-mêmes, ou plus exactement le contenu de ce qu'ils doivent enseigner.
C'est un chantier titanesque. Il faut rappeler que les enseignants sont de moins en moins payés dans le secondaire en France. Cela pose un problème : on attire fatalement des gens un peu moins motivés qu'avant. C'est donc un peu plus difficile de leur demander des gros efforts.
