Climat : se dirige-t-on vers la fin des vacances lointaines ? Jean-Marc Jancovici s'interroge

Ceux qui ont la chance de prendre des vacances, parce qu'il faut rappeler que 40% de la population française ne part pas en vacances, le doivent à l'abondance énergétique.

On se souvient de la création des congés payés en 1936 dans ce pays, et donc avant, ça n'existait pas. Or, en 1936, la tendance était à une très forte hausse de l'approvisionnement énergétique par personne. Ce qui veut dire que de plus en plus de machines travaillaient pour nous. 

Et à partir du moment où les machines travaillent pour nous, nous pouvons partir en vacances. Alors ces vacances, on les a un peu toute l'année, c'est la baisse du temps de travail. On travaille deux fois moins dans l'année aujourd'hui qu'il y a un siècle. Le temps de travail annuel a été divisé par deux. On a le temps de faire des études. Aujourd'hui, il y a 80 % d'une classe d'âge qui va jusqu'au bac, ça n'existait pas il y a un siècle. On peut partir à la retraite. 

Les retraites pour tous, ça n'existait pas non plus il y a un siècle. Et on peut donc partir en vacances, ce qui est une manière d'occuper son temps libre. Donc il faut se rappeler que les vacances, on les doit, comme beaucoup d'autres choses, au pétrole, au gaz, au charbon, et plus marginalement à un certain nombre d'autres choses.

Fin des vacances lointaines ?

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Si on est plus sobre dans les 10 ou 20 ans qui viennent, on pourra quand même raisonnablement continuer à avoir des vacances. Ce qui va poser probablement un problème, c'est le tourisme lointain et les vacances lointaines. Parce que les vacances lointaines, c'est très énergivore. Quand on prend l'avion ou même quand on prend la voiture pour faire 1.000 km, c'est quelque chose qui est extrêmement énergivore. 

À l'époque des premières vacances, les gens prenaient le train et leur tente ou ils prenaient le vélo et leur tente. Donc, des vacances avec le vélo et la tente, on aura probablement encore très longtemps la possibilité d'en prendre. Par contre, des vacances lointaines, c'est moins sûr. Et ça, ça peut poser un problème à une partie de l'économie française. Parce qu'il faut rappeler que le tourisme dans ce pays, c'est 8-9 % des emplois. Et que c'est donc quelque chose sur lequel il est urgent de se pencher. 

Qu'est-ce qu'on fait de cette économie du tourisme dans un monde dans lequel l'énergie est moins abondante ? Et en plus, le changement climatique va rajouter sa touche en ce qui concerne les sports d'hiver. Mais déjà, la question énergétique va devenir un vrai sujet pour la manière dont on part en vacances.

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