Selon une étude financée par l'Agence nationale de sécurité au travail, il y a trois fois plus de cancers à Fos-sur-Mer qu'ailleurs en France. Trois fois plus de cancers du col de l'utérus pour les femmes par exemple. Le chiffre est le même à Port-Saint-Louis-du-Rhône, une autre commune qui borde l'étang de Berre. Fos-sur-Mer compte 17 sites classés Seveso et de très nombreuses usines : terminaux et dépôts pétroliers, un incinérateur de déchets industriels, des terminaux gaziers, deux aciéries et les haut fourneaux d'Arcelor Mittal. C'est simple, la zone industrielle couvre 7.000 des 9.000 hectares que compte la ville. Presque 80%.
Jusqu'à ce jour, on manque de données précises sur l'état de santé des riverains. Difficile d'en savoir plus auprès de la Sécurité sociale, même pour le maire socialiste de Fos-sur-Mer, René Raimondi. "Malheureusement, beaucoup de choses nous sont cachées. Lorsque l'on demande des études statistiques à la Sécurité sociale, on ne nous en fournit pas. On a des pics en ce moment de cancers de la vessie, des cancers assez ciblés chimie, assez ciblés pétrochimie. Le garant, qu'est le préfet, ne prend pas au sérieux ce qu'il se passe ici ou alors s'il le prend au sérieux et qu'il ne fait rien, c'est qu'il a vraiment des choses à cacher."
L'APCME, une association de dix médecins, travaille depuis plus de 30 ans sur les maladies "éliminables", c'est-à-dire provoquées par l'activité de l'homme. Dans son viseur : la non-dénonciation par la Sécu des entreprises où il y a un vrai risque sanitaire. "Cet organisme va publier la liste des personnes atteintes, c'est-à-dire des victimes, sans jamais rendre public la liste des lieux qui les causent, c'est-à-dire des coupables", dénonce Marc Andéol, un des représentants. Des coupables, qui sont parmi les plus gros employeurs de la région, et que les pouvoirs publics renâclent à sanctionner pour leur pic de pollution.
Marie-Fernande
Dagostino a perdu son mari en 2014. Victime d'un cancer du cerveau, Gabriel
Dagostino, décédé à l'âge de 57 ans, a passé toute sa carrière chez Arcelor
Mittal, à Fos-sur-Mer. Sa veuve affirme qu'il devait faire des relevés dans un
four, et pour cela traverser de nombreuses fumées toxiques, avec un simple
masque en carton. Aujourd'hui, elle se
bat pour faire reconnaître le cancer de son mari comme maladie professionnelle, bien que la Sécurité sociale considère pour l'instant qu'un employé ne peut pas développer un cancer dans une entreprise de sidérurgie.