Attentats de Paris : comment se reconstruire après avoir vécu l'horreur ?
Deux ans après les attentats de novembre 2015, les rescapés livrent des témoignages poignants alors que la France leur rend hommage.

Ils ont vu la mort de près. Les rescapés des attentats de novembre 2015 sont à l'honneur ce lundi 13 novembre. Une question revient en boucle dans la presse : comment se reconstruire après avoir vécu l'horreur ? Libération publie le témoignage bouleversant de Maëlle, "une jeune femme brune, loquace. Mais son regard reste grave et mat, de ceux qui ont côtoyé l’indicible". Maëlle était au Bataclan ce soir-là, à côté du bar, là où les terroristes ont fait irruption.
"Je fais partie des rares personnes dans cette zone-là à avoir survécu. Au millimètre près, la balle qui a percuté mon visage était fatale, je suis une vraie miraculée", raconte celle qui enchaîne les opérations depuis deux ans. Aujourd'hui, elle n'est toujours pas en mesure de manger comme avant, mais peut embrasser son fils. Un petit garçon de sept ans et demi, qui, quand il l'a revue une semaine après les attentats, alors qu'elle portait un masque et un poncho pour cacher ses blessures et que seuls ses yeux étaient visibles, s'est approché pour lui faire un bisou sur le front.
J'ai l'impression que ça me poursuit
Thierry, rescapé du Bataclan
Thierry , 52 ans , était lui aussi au Bataclan ce soir-là, où il est resté confiné pendant de longues heures dans une loge. Deux ans plus tard, il se souvient de chaque détail : les voix, les tirs. Dès la semaine suivante, il choisit d'avancer plutôt que de s'effondrer et retourne à un concert. Cet été alors qu'il est en vacances à Las Vegas, il croit revivre son cauchemar : son hôtel est juste en face du Mandala Bay, là où un homme a tué des dizaines de personnes à un concert de country. Les attentats, raconte Thierry dans le Progrès, "j'ai l'impression que ça me poursuit".
Dans La Croix, Paul confie quant à lui avoir de plus en plus de mal avec le décalage qui existe entre lui et ceux qui n'ont pas vécu directement le drame. "Au début, je n’ai pas mesuré combien l’attentat allait nous changer, alors que le monde, lui, continuerait de tourner", explique le jeune homme de 31 ans.
Et de poursuivre : "La vie reprend son cours, les gens finissent par oublier… Pas nous". Il cite notamment ces matins où il n'a aucune envie de se rendre au travail. "Ma mère me dit : ”Oui, mais il faut bien gagner sa vie.” Moi je réponds : “Bah non, on n’est peut-être pas obligés de s’emmerder”, lance-t-il.
Il fallait bien nourrir mon fils
Valérie, victime des attentats de Paris
Valérie, 40 ans, a quant à elle repris dans foulée et sans trop se poser de question son poste de chargée de relation presse dans le luxe. "Il fallait bien nourrir mon fils", explique la jeune femme au journal Le Monde. Rapidement, elle se rend compte que la mode et la mort sont des mots qui ne cohabitent pas bien.
Cet univers professionnel lui est soudain apparu inepte et futile, avant qu'elle soit licenciée à la suite d'une dépression. Comme elle, deux ans après les attentats, ils sont près d'un tiers des rescapés à ne pas avoir repris le chemin du travail, explique le quotidien d'autres ont changé de vie, choisi des métiers qui ont plus de sens.
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