Il est 10h40 ce vendredi 23 mars dans les Super U de Trèbes, dans l'Aude, lorsqu'une détonation vient troubler la quiétude des lieux. Un simple bruit de palette qui tombe au sol, pensent les chalands. Mais la réalité est toute autre. Radouane Lakdim a fait irruption dans les travées du supermarché et vient d'abattre froidement le chef boucher d'une balle dans la tête. Christian Medves avait 50 ans. Le terroriste cible ensuite un autre client, Hervé Sosna, 65 ans. "Toi, c'est gratuit", lâchera le bourreau à sa victime avant de presser la détente.
Radouane Lakdim se met alors en quête d'un otage. Un rôle terrifiant qui échoit à Julie, une hôtesse d'accueil du Super U dont la cachette est rapidement découverte par le terroriste. C'est le début d'un long huis clos entre le soldat autoproclamé de l'État islamique et la jeune femme, dont le déroulé a été reconstitué par Le Monde grâce aux enregistrements des conversations et aux déclarations des enquêteurs.
La première tâche dévolue à Julie : contacter la gendarmerie. "Je suis actuellement euh... prise en otage par un Monsieur armé", lâche-t-elle à son interlocutrice, avant de lui détailler l'arsenal du terroriste : un pistolet, un couteau et deux grenades. Radouane Lakdim la presse alors de prévenir la gendarmerie qu'il agit en qualité de "soldat de l'État islamique", en représailles des bombardements de l'armée française en zone irako-syrienne. "Venez, venez, vous allez voir… on va voir si vous avez des couilles", marmonne-t-il loin du combiné.
Quelques instants après l'appel, la gendarmerie prend position autour du Super U, explique Le Monde. Visiblement stressé, Radouane Lakdim exhorte son otage à faire "muraille" entre lui et les forces de l'ordre. Il se met alors à prier avant de s'adresser à Julie : "Je veux mourir aujourd'hui... T'as vu c'est chaud quand le gars il veut mourir en face, moi j'ai pas peur là... moi j'ai envie de mourir..."
Radouane Lakdim semble chercher l'approbation de sa victime et évoque pêle-mêle les bombardements de l'armée française, la spoliation des richesses, les viols sur mineurs supposément commis par des militaires, son impossibilité de se rendre en Syrie. "C'est logique non ? C'est logique ou pas ? Tout à fait logique", martèle-t-il pour justifier son action. Et d'asséner, comme le rapporte Le Monde : "J’vais la faire à la Coulibaly… j’vais rejoindre mes frères… Mohamed Merah, Coulibaly… ils ont raison… voilà, c’est tant pis…"
Sa logorrhée terminée, le terroriste s'enquiert de la situation personnelle de Julie. Est-elle mariée ? A-t-elle des enfants ? Un interrogatoire qui laisse penser à la captive que Radouane Lakdim opère un tri entre les otages. "J’ai compris avec ce qu’il me disait, qu’il faisait une distinction entre ceux qu’il allait abattre et ceux qu’il allait laisser en vie", déclarera-t-elle aux enquêteurs, selon le quotidien.
Il lui confie d'ailleurs qu'il a tué le premier client du Super U car ce dernier "ne le prenait pas au sérieux". Quant aux deux automobilistes abattus un peu plus tôt, il invoque leur orientation sexuelle supposée. "J’ai allumé deux pédés… Bien fait pour lui… j’suis arrivé à l’improviste, ils étaient cachés, je leur ai mis deux balles dans la tête… Sans pitié…", confie-t-il à Julie.
Seize minutes ont passé depuis le début de la prise d'otage. C'est à ce moment que Radouane Lakdim reçoit un appel de la gendarmerie de Trèbes. Le terroriste réitère ses mobiles et exige la libération de Salah Abdeslam. Une revendication farfelue qui fait comprendre à Julie que l'issue est proche, rapporte Le Monde. "Pour lui son coup était quasiment terminé. Il n’avait visiblement plus besoin de tuer des gens", explique-t-elle aux enquêteurs.
Quelques minutes plus tard, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame fait son entrée dans le Super U, les mains en l'air. Il propose au terroriste de prendre la place de Julie. Radouane Lakdim accepte. L'hôtesse d'accueil sort du supermarché en compagnie des derniers salariés restés à l'intérieur. À 14h16, une violente rixe éclate entre Arnaud Beltrane et le terroriste, précipitant l'assaut. Radouane Lakdim est tué de quatre balles dans la tête tandis que le gendarme est gravement blessé. Il décèdera le lendemain à l'hôpital, en héros.
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