Une minute de silence sera observée, lundi 14 octobre, dans tous les collèges et lycées de France à la mémoire de Dominique Bernard et Samuel Paty, assassinés parce qu'ils étaient enseignants. Depuis leur disparition, le quotidien des professeurs a évolué, mais ils sont assez peu nombreux à accepter d'en parler.
Il suffit parfois d'un rien pour repenser à ces attentats. Comme l'explique un professeur de région parisienne, croisé à la sortie de son collège alors qu'il venait de participer à un exercice alerte intrusion avec sa classe.
"On parlait du fait d'intervenir et de foncer sur les terroristes pour se protéger les uns les autres. Je leur ai dit que c'était de mauvaises idées. Il y en a qui ont commencé à rire. Et je leur ai juste rappelé que moi, c'est un sujet qui ne me faisait pas rire parce que j'avais perdu des collègues dans des attentats", raconte-t-il.
"Globalement, ils ont compris, ils ont arrêté de faire les foufous. Mais c'est le genre de choses qui, effectivement, depuis qu'on a eu ces attentats, oui, forcément, quand on parle de ce genre de sujet, ça touche un peu plus", ajoute-t-il.
La question donc reste sensible, mais sur la dizaine d'enseignants interrogés, aucun ne dit avoir songé à quitter la profession après les attentats. Pour autant, selon une étude IFOP publiée l'an dernier, 48% des professeurs disent s'être déjà autocensurés face à leurs élèves dans l'enseignement de la laïcité, de l'esprit critique ou de la liberté d'expression.
Pourtant, les professeurs assurent globalement le pas avoir changé leur méthode de travail depuis ces deux attentats. Beaucoup appliquaient déjà des pédagogies pour parler à tous, comme cette professeure de français, la même matière qu'enseignait Dominique Bernard. Elle se souvient de ses cours pour aborder des textes issus des différentes religions.
"Moi, je sais qu'à l'époque, je faisais un texte de chaque livre ancien. Donc, je faisais un texte du Coran, un texte de la Bible, un texte du Nouveau Testament. Comme ça, au moins, il n'y avait pas de problème, justement. Donc, sur certains sujets, on peut faire attention. Mais moi, en tout cas, j'essaye de justement inclure tout le monde, donc de choisir des textes qui vont parler à tout le monde", témoigne-t-elle.
Finalement, ce qui a changé chez les professeurs, c'est le souci d'être certain que chaque mot a bien été compris par les élèves. "Être sûr qu'il n'y ait pas de malentendus, mais hormis cette précision sémantique, il n'y a pas de tabou dans les enseignements et aucun champ de la connaissance ne doit être exclu du questionnement scientifique. Que ce soit la guerre d'Algérie, que ce soit le Proche Moyen-Orient, c'est valable pour la laïcité, c'est valable pour des tas de sujet, explique Christine Guimonnais, la secrétaire générale de l'Association des professeurs d'histoire-géographie.
Une documentaliste raconte que lorsqu'elle est interrogée sur une notion parfois sensible, elle débute toujours son explication par : "ce que dit la loi sur le sujet..." avant de lancer le débat avec les élèves.
En revanche, ce qui a bel et bien changé sur le terrain, c'est la sécurité dans les établissements. L'an dernier, après la mort de Dominique Bernard, assassiné dans la cour de son lycée, un audit du gouvernement a identifié 500 établissements à sécuriser. Depuis, caméras, portiques anti-intrusion ou alarmes ont été installées dans 400 d'entre eux. C'est ce qu'a annoncé sur RTL, il y a 10 jours, la ministre de l'Éducation.
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