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Animaux : pourquoi les vétérinaires sont une profession dont il faut prendre soin
Et si les vétérinaires étaient aux premières loges des évolutions de notre société ? En étant à la fois les témoins et parfois les victimes. Décryptage.
Une vétérinaire en Espagne le 31 mars 2020
Crédit : JAIME REINA / AFP
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La France compte 21.494 vétérinaires qui exercent en clinique ou cabinet, des grandes villes aux zones rurales les plus éloignées. Par leur activité, ils côtoient toutes les franges de la population et sont ainsi de vrais témoins des évolutions sociétales. C'est ce que signe aussi Julien Solonel dans son livre-enquête par aux éditions Buchet-Chastel, dont le titre est La France vue par les vétérinaires.
Les vétérinaires sont par exemple témoins de la place grandissante des animaux dans nos vies qui illustre bien que nous sommes dans un monde en pleine mutation où les relations humaines sont fragilisées, nos rythmes quotidiens s’accélèrent, les naissances sont plus tardives...
Les vétérinaires interrogés dans ce livre confirment effectivement assister à ces changements de mode de vie. Le véto devient aussi important que le médecin de famille et même plus encore, car l’animal est une porte d’entrée pour des confessions souvent beaucoup plus intimes.
L'animal, révélateur des inégalités sociales de notre pays
L’animal est aussi révélateur des inégalités sociales de notre pays, les vétos côtoyant aussi bien la population des beaux quartiers qui peut payer une opération à plusieurs milliers d’euros comme un agriculteur qui devra faire euthanasier son épagneul, car il ne peut pas débourser 700 euros pour lui faire retirer sa méchante tumeur ou encore la famille qui préfère sauter des repas plutôt que de ne pas pouvoir acheter les croquettes du chat.
Les vétos ruraux assistent eux à un autre changement majeur : le déclin de la ruralité. Un vétérinaire de Dordogne explique qu’au début de sa carrière (il est à la retraite depuis 2024), la pratique rurale représentait 80% de son activité contre 20% pour la pratique chien chat, et en 40 ans de bons et loyaux services, les chiffres se sont inversés, au point qu’il n’a même pas trouvé de repreneur pour son activité rurale.
Même son de cloche pour une vétérinaire de 43 ans, qui estime qu’en trois ans, elle a perdu un tiers de ses éleveurs. Malgré cette tension liée à leur activité, à la crise de l’élevage, aux temps de trajets qui s’allongent, aux relations parfois compliquées avec les agriculteurs, les vétos des champs semblent plus heureux que leurs collègues des villes et souffrent moins du burn-out et de troubles du sommeil.
Vétérinaire : une profession en souffrance
C’est assez mal connu, car on a le sentiment que le fait d’exercer un métier-passion éloigne toutes les difficultés professionnelles, mais il n’en est rien. Une recherche sur la santé psychologique des vétérinaires a montré que les vétos affichent un indice d’épuisement émotionnel 1,5 fois supérieur à la population générale et 1,2 fois supérieur à celui des exploitants agricoles, dont on sait pour eux que c’est compliqué. Il y a 3 à 4 fois plus de suicide au sein des vétos que dans la population générale. 20% des vétos de l’enquête ont eu des idées suicidaires ces 12 derniers mois.
À l'origine de cela, plusieurs facteurs bien expliqués dans ce livre.
- Le rythme de travail : les gardes, les astreintes, la surcharge…
- Les vétérinaires sont en premières lignes pour de nombreuses incivilités, de la part de clients qui les voient comme des prestataires de services, qui facturent toujours trop chers et qui sont donc corvéables à merci !
- Et enfin également parce qu’ils sont confrontés tous les jours à la souffrance animale, la mort, qu’ils peuvent aussi donner puisqu’ils pratiquent l’euthanasie.
Vétérinaire, une profession indispensable dans notre quotidien et dont il faut prendre soin.
"La France vue par les vétérinaires" par Julien Solonel, aux éditions Buchet Castel.
