Air France : "Manuel Valls a une attitude de garde-chiourme", dénonce Jean-Luc Mélenchon
REPLAY - Le député européen Jean-Luc Mélenchon comprend pourquoi la violence des employés d'Air France est survenue, dans un contexte économique qui selon lui pousse les citoyens à la révolte.

Un garde-chiourme était celui qui surveillait les rameurs dans les galères d'autrefois. C'est en ce terme que Jean-Luc Mélenchon, invité de RTL Grand Soir, a qualifié l'attitude de Manuel Valls par rapport à la crise que traverse actuellement Air France. Face à la vague d'indignation soulevée par les images violentes du directeur des ressources humaines (DRH) de la compagnie, dépossédé de sa chemise et poursuivi par des employés en colère, le député européen préfère se positionner à contre-courant et analyser avec recul les raisons qui les ont poussés à agir de la sorte.
"J'ai pensé que c'était la violence visible, et il y a la violence invisible, a-t-il ainsi déclaré au micro de RTL. Celle que subissent les licenciés de cette entreprise. Souvent, ce sont des gens qui ont donné une bonne part de leurs vies professionnelles (...) Dans ces conditions, cette violence, comme elle n'a trouvé aucun compromis possible, c'est à dire que les gens doivent subir ça et se taire, et bien il y a eu une explosion. Mais ne vous arrêtez pas aux images... Après l'image, le cadre supérieur qui est là, qui est le DRH, aura à nouveau une chemise, mais les autres n'auront plus de boulot".
Essayons d'ouvrir d'autres alternatives aux gens que de leur dire taisez-vous avec le sourire
Jean-Luc Mélenchon
Pour l'homme politique d'extrême gauche, les pouvoirs publics ne devraient pas fustiger les employés mais au contraire comprendre leur colère afin de proposer une sortie de crise. "Vous avez beaucoup de gens qui se disent que parler ne sert à rien et qui explosent de rage. Comprenez-le. Et au lieu de les fustiger de cette façon, essayons de comprendre ce qui se passe dans leurs esprits et d'ouvrir d'autres alternatives aux gens que de leur dire taisez-vous avec le sourire".
Une violence révélatrice
De son côté, Manuel Valls, qui s'exprimait ce mardi à l'Assemblée nationale, a fait savoir que de lourdes sanctions seraient prises à l'encontre de manifestants violents, qualifiés de "voyous". Pour Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre n'a pas à prendre position de la sorte. "C'est inacceptable de parler de cette manière. En tout cas quand on est un Premier ministre qui se dit socialiste, on ne parle pas comme ça. On doit au contraire essayer de comprendre ce qui s'est passé, et d'offrir un débouché positif à la situation. Pas stigmatiser, insulter des gens qui ne font que défendre leur gagne-pain. L'attitude de Manuel Valls est celle d'un espèce de garde-chiourme d'Air France. Mais Air France n'a pas besoin de lui pour faire ce boulot là", s'indigne-t-il ainsi sur RTL.
Le député européen, qui plaide donc en faveur des employés d'Air France, estime par ailleurs que la violence des manifestants est en grande partie la conséquence d'une période difficile pour tout les Français. "Pour moi, c'est tout à fait une vision crue de ce qui se passe partout. C'est à dire des gens excédés qui ont l'impression que quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent, cela n'intéresse personne. On ne les écoute pas et il leur faut subir et se taire. Ça ne se passera pas comme ça. Je l'ai toujours dit, les Français ne sont pas de ce tempérament là. Les gens n'en peuvent plus", conclut-il.
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