Alain Duhamel : "La responsabilité des dirigeants politiques est pire que celles des manifestants d'Air France"

REPLAY - Nicolas Sarkozy a estimé que les incidents à Air France marquaient "la chienlit, le délitement de l'État".

Alain Duhamel

Crédit : Damien Rigondeaud

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Le comité central d'entreprise (CCE) d'Air France, où 2.900 postes sont menacés, a tourné au pugilat lundi 5 octobre. Le DRH a été agressé et partiellement déshabillé et sept personnes ont été blessées, dont une grièvement en tout. Ces images qui ont fait le tour du monde entachent la réputation de la France estime ce mardi soir 6 octobre Alain Duhamel.

L'image sociale de la France est flétrie par une dizaine d'énergumènes qui ne sont représentatifs ni du personnel d'Air France, ni des syndicalistes en général, ni du paysage social français.

Alain Duhamel

Si ces images sont regrettables, les réactions de Nicolas Sarkozy et Jean-Luc Mélenchon le sont également dénonce l'éditorialiste. Parler de "chienlit" dans cette situation, comme le faisait le général De Gaulle en mai 1968, face à de vrais émeutes, est en réalité "une volonté pour le président des Républicains "de s'en prendre au gouvernement à un moment qui ne s'y prête pas."

L'attitude de Jean-Luc Mélenchon, "littéralement heureux de voir ce qu'il s'est passé", et traitant au passage Manuel Valls de "garde-chiourme du patronat", n'est pas beaucoup mieux. "La responsabilité des dirigeants dans ces cas là est encore pire que celles des manifestants déchaînés" déplore Alain Duhamel.

Air France pourra-t-elle se relever ?

Cet épisode n'est absolument pas représentatif du dialogue social en France selon Alain Duhamel, qui pointe un paradoxe. Si le dialogue social n'est pas idéal en France, il n'y a pas eu d'explosion sociale en France depuis 1995. Il y a peu de grèves en ce moment, contrairement à ce que l'on croit. Par ailleurs il n'y a jamais eu autant d'accords dans les entreprises.

Air France pourra-t-elle se relever de cette crise ? La British Airways ou la Lufthansa sont passées par des situations similaires et s'en sont remises. Seulement elles se sont donné les moyens, et pas de demi-mesures comme le font l'État et les grandes entreprises françaises publiques et privées.