La journaliste Olivia Mokiejewski publie Le Peuple des abattoirs (ed. Grasset), un livre-enquête sur les conditions dans ce qu'elle appelle "l'industrie de la mort". Elle a elle-même travaillé dix jours dans un abattoir et y a rencontré de nombreux salariés. Au-delà des vidéos chocs de l'association L-214 qui font régulièrement la une de l'actualité, Olivia Mokiejewski a voulu comprendre de l'intérieur la réalité des abattoirs. Il y a trois ans, elle a réalisé un documentaire sur la filière porcine et c'est à cette occasion qu'elle a rencontré, pour la première fois, des ouvriers d'abattoir.
"Je pensais, à l'époque, être plutôt choquée par les conditions du traitement des animaux et paradoxalement, j'ai été plus bouleversée par la condition des ouvriers", confie-t-elle. "J'ai voulu les rencontrer à nouveau, voir dans quelles conditions ils travaillaient, quel était leur rapport aux animaux". Olivia Mokiejewski note que ces ouvriers parlaient de "souffrance" et a voulu "mettre des mots sur ces maux".
Un seul groupe a accepté d'ouvrir ses portes à la journaliste. Elle a ainsi pu parler aux ouvriers et découvrir les conditions de travail pendant dix jours. Tous savaient que sa présence était motivée par la rédaction d'un ouvrage. "C'était très important parce que je voulais travailler près des postes les plus difficiles, près de la saignée."
En France, 50.000 personnes travaillent dans les abattoirs et tuent, chaque jour, 3 millions d'animaux. Olivia Mokiejewski décrit des conditions de travail compliquées. "Le sang au sol, des têtes de bovins dans les bacs, des viscères suspendus à des crochets. Il y a la chaleur, les odeurs. Les journées commencent à 4-5 heures, pour se terminer vers 13 heures pour 9,61 euros brut de l'heure".