Le projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres est très controversé. Avec toutes les déclarations qu'on a entendues ces derniers temps, parfaitement justifiées, sur le fait qu'il faut se libérer des énergies fossiles dans notre pays, on pourrait trouver surprenant qu'on continue à rajouter des infrastructures qui encouragent à utiliser la voiture individuelle. C'est très surprenant de dire qu'on va rajouter une infrastructure autoroutière en 2023 dans notre pays.
Il faut savoir par ailleurs que quand on fait ce genre de choses, ce n'est pas prévu pour durer une semaine. Une fois qu'on a construit une infrastructure routière, la vie s'organise autour de cette infrastructure routière. C'est à dire que des usines, si on en a, vont venir s'installer au bord, des entrepôts vont venir s'installer au bord, des zones d'activités vont venir s'installer au bord, des commerces, etc. On ne peut pas supprimer l'autoroute dix ans après, ça ne marche pas.
Donc il y a à l'évidence une responsabilité de l'État à ne pas faire ce genre d'infrastructure, même si à court terme, il y a quelques personnes qui se disent quand même que ce serait pratique.
Pourquoi l'État prend-il la décision d'autoriser ou d'encourager la construction d'une autoroute alors même qu'il dit que le transport est le premier poste d'émission de CO2 dans le pays et qu'il faudrait le faire baisser ? Quand on regarde si on doit faire une nouvelle infrastructure de transport, le calcul que font les ingénieurs et les fonctionnaires, c'est combien de temps on va en théorie économiser grâce à cette nouvelle infrastructure. Ils vont valoriser ce temps.
À ce moment, ils vont comparer ça au coût de l'infrastructure. La valorisation du coût du CO2 est en pratique tellement ridicule par rapport à la valorisation théorique du temps économisé, qu'on va quand même décider de construire cette infrastructure alors même qu'une bonne partie du discours politique du moment, c'est qu'il ne faudrait pas la faire.