Sexe : pourquoi "faire l'amour" ne rime pas forcément avec pénétration

En 2019, Martin Page publie Au-delà de la pénétration, un livre court pour lequel il a recueilli les témoignages d'une dizaine de personnes sur cette pratique considérée comme le B.A-BA de l'acte sexuel. 
"En tant que telle la pénétration, c'est une pratique sexuelle parmi les autres" explique l'auteur. Une réflexion sur l'acte sexuel qui a pu ou peut encore en déstabiliser plus d'un et plus d'une. Et pourtant, il est important de ne pas réduire les rapports charnels à la pénétration. 

Dans le troisième épisode du podcast Les Français au Lit, il nous livre aussi son analyse. "Je ne suis pas contre la pénétration. Je suis contre l'obligation en matière sexuelle de toute pratique", résume-t-il.

Se détacher de la pénétration est libérateur. Pierre a eu l'occasion de le constater : à 20 ans il a découvert qu'il était éjaculateur prématuré. Une manière pour lui de ne plus souffrir de ce trouble de la sexualité a été de reconsidérer les rapports sexuels. "Moi, je pensais qu'un rapport sexuel, c'était préliminaires, puis pénétration. Maintenant, je vois que c'est beaucoup plus vaste. C'est beaucoup plus vallonné que ça", explique-t-il. "C'est quelque chose de bien plus riche et bien plus complet que ce que j'imaginais".

Quand il fait l'amour, Jérémy, 36 ans, préfère aussi les caresses. "Ça va être surtout dans les regards, dans la découverte du corps de l'autre, dans ses traits de personnalité", explique-t-il. "Je vais voir s'il n'y a pas une complémentarité avec l'autre. Ce que je peux apporter à l'autre, etc. Ça va être une communion, il n'y a pas d'autres mots. En fait, je vais essayer d'être complémentaire au maximum."

Le fait que la relation sexuelle se définisse essentiellement par la pénétration est machiste

Alain Héril

Alain Héril est sexothérapeute et selon lui aller "au-delà de la pénétration" est nécessaire. "Le fait que la relation sexuelle se définisse essentiellement par la pénétration d'un pénis dans un vagin c'est hyper machiste parce qu'on sait que les femmes - dans l'hétérosexualité bien sûr - ce n'est pas par la pénétration qu'elles vont le plus avoir d'orgasme".

Mais c'est aussi une bonne nouvelle pour les hommes. La pénétration et l'injonction à l'érection "créent un stress qui est énorme et puis ça enrichit la sexualité de ne pas la réduire à la pénétration".

Par ailleurs, avec l'âge, la pénétration peut se faire plus compliquée en raison des difficultés d'érection. "Quand vous atteignez 60 ans, 65 ans, là, vous rendez compte que ça démarre pas tout à fait tout seul. Mais il n'y a pas de tare parce que ça démarre pas comme ça", témoigne Michelarmand, 74 ans. Avec le temps il dit qu'il s'est "bonifié" et a appris à s'adonner à d'autres pratiques pour faire plaisir à ses partenaires.

Une bonne chose selon Alain Héril. "Je pense que quand on a ces âges là, on a peut être un regard sur la sexualité, peut être un peu plus créatif, explique-t-il. Il y a moins de recherche de performance. On a moins à prouver quoi que ce soit à l'autre et à soi même. On est plus détendu aussi par rapport à la sexualité." En bref, ne plus (ou ne pas) avoir d'érection ne signe pas la fin de la sexualité.