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Des policiers russes après l'attaque au couteau qui a eu lieu à Sourgout en Sibérie le samedi 19 août 2017.
Crédit : Irina Shvets/AP/SIPA
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Le matin du samedi 19 août, un homme poignarde au hasard des passants dans les rue du centre-ville de Sourgout, en Russie. Quarante-huit heures après le double-attentat de Barcelone et Cambrils en Espagne, le mode opératoire rappelle celui de l'attaque terroriste de la veille à Turku, en Finlande, ou encore celui de Londres, sur le pont de Westminster en mars dernier. Comme lors de ces précédentes attaques, Daesh revendique l'attentat. Les autorités russes ne semblent pas s'en inquiéter et poursuivent l'enquête pour "tentative d'homicide", ouverte à cause de la "réaction du public".
"Ce n'est pas inhabituel en Russie, explique à RTL.fr le directeur adjoint de l'Observatoire franco-russe Igor Delanoë. D’une manière générale, on a, a minima, une gêne et, sinon, une tendance à minimiser" ce type d'événements. L'enquête, confiée à la plus haute juridiction fédérale, relève d'une "procédure classique, qui ne concerne pas uniquement les faits de terrorisme", précise-t-il.
Alors que l'attaque de Saint-Pétersbourg revendiquée par Al-Qaïda en avril dernier avait rapidement été qualifiée de "terroriste", pourquoi les autorités russes traitent-elles celle de Sourgout, qui a fait sept blessés dont deux graves, comme une tentative d'assassinat ?
"Ça aurait été différent s’il y avait plusieurs attaques simultanées, pense Igor Delanoë. Là, c’est un fait isolé. Sourgout n’est pas une grande ville russe, c'est une petite ville de Sibérie. Par conséquent, ça les aide à minimiser les faits". Une manière pour l'État russe de ne pas s'inscrire dans la vague d'attentats qui a touché les pays européens ces trois derniers mois. "Il s’agit de se démarquer un peu, mais personne n’est dupe", résume le chercheur.
Dans une vidéo publiée via son agence de propagande Amaq le lendemain de l'attaque, Daesh revendique l'attentat commis par "un soldat du califat". Le caractère terroriste de l'agression fait donc a priori peu de doute. Mais les autorités russes ne veulent pas "se laisser dicter leur agenda", selon Igor Delanoë, qui précise : "Si les autorités russes n’ont pas encore qualifié les faits de terroristes, je ne serais pas surpris qu’elles le fassent plus tard".
Il y a un mélange de déni, et de volonté de ne pas se laisser imposer les faits par le califat.
Igor Delanoë, Directeur adjoint de l'Observatoire Franco-Russe
Pour le moment, "les autorités russes jouent sur l’ambivalence du mode opératoire qui rappelle dans certaines circonstances seulement un acte de terrorisme", explique Igor Delanoë, précisant que les attaques au couteau sont récurrentes en Palestine, par exemple, sans qu'elles soient forcément liées au terrorisme islamiste. "Il y a un mélange de déni et de volonté de ne pas se laisser imposer les faits par le califat (de l'État Islamique, ndlr), une volonté de maintenir le contrôle sur le traitement des faits" poursuit-il.
Dès samedi, les enquêteurs russes ont également indiqué examiner les "possibles antécédents psychiatriques" de l'assaillant. "La frontière entre déséquilibré et acte terroriste est assez poreuse dans ce cas. Ils veulent éviter d’ouvrir une trappe et que n’importe quel déséquilibré prenne un couteau et commette un acte qualifié de terroriste", explique Igor Delanoë.
Du côté des médias russes, l'enquête ne semble pas passionner les foules. "Il n’y a pas beaucoup de titres ou beaucoup d'articles à ce sujet. Très peu d’éléments sont ressortis, c’est assez parcellaire", examine Igor Delanoë. Et pour cause, l'arrestation du metteur en scène Kirill Serebrennikov ou la visite de Benjamin Netanyahou à Vladimir Poutine mobilisent davantage les journalistes.
Ce silence mêlé à la minimisation de l'attaque "permet de gagner du temps et de faire tomber la pression et d’arrêter les personnes potentiellement liées à l’attentat dans un climat plus apaisé, analyse Igor Delanoë. Au final, les attaques sur le territoire russe sont limitées. Les autorités veulent garder une cohésion de la population face à l’adversité". Une manière pour l'État de rassurer les Russes, en garantissant leur protection.
"Ce qui n'empêche pas les représailles sur le terrain !", prévient Igor Delanoë. Impliquée dans la guerre en Syrie aux côtés de Bachar al-Assad, la Russie s'attaque aussi régulièrement au territoire contrôlé par l'État Islamique. Ce qui lui vaut d'être la cible de multiples menaces de la part de l'organisation terroriste qui souhaite notamment "libérer" les territoires de Tchétchénie et du Caucase, actuellement sous contrôle de la Russie.
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