Refus du maillot arc-en-ciel : sur RTL, le Conseil national de l'éthique appelle à la pédagogie plutôt qu'aux sanctions

INVITÉ RTL - Après le boycott du week-end de lutte contre l'homophobie dans le football par plusieurs joueurs de Ligue 1 et Ligue 2, le président du Conseil national de l'éthique, commission indépendante, de la FFF Patrick Anton propose une rencontre avec les intéressés.

L'attaquant égyptien de Nantes Mostafa Mohamed le 9 avril 2023

Crédit : Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Refus du maillot arc-en-ciel : la FFF appelle à la pédagogie plutôt qu'aux sanctions

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Plusieurs joueurs de Toulouse, Nantes ou bien encore Guingamp ont refusé de jouer avec le maillot floqué arc-en-ciel en ce week-end de lutte contre l'homophobie dans le football, ravivant les polémiques suscitées l'an dernier déjà par Idrissa Gana Gueye. Quel est le sentiment du Conseil national de l'éthique de la Fédération française de football ? "La première chose, c'est qu'on ne demande pas de sanction, explique son président Patrick Anton. En revanche, nous allons publier une lettre ouverte. Nous proposons aux joueurs de nous rencontrer pour qu'on puisse leur expliquer les raisons pour lesquelles on considère que leur position n'est pas appropriée".

"On veut faire œuvre de pédagogie et nous ne voulons pas être une instance disciplinaire, poursuit l'ancien arbitre de 69 ans (...) En gros, on a trois arguments que nous opposons aux récalcitrants. Le premier, c'est qu'ils s'excluent de cette initiative nationale de lutte contre l'homophobie, et il faudrait qu'ils prennent conscience qu'en faisant penser que certaines orientations sexuelles sont moins acceptables que d'autres, ils se rendent complices de comportements homophobes. Ils n'en ont peut-être pas la conscience, mais c'est ce qu'on souhaiterait leur indiquer en disant : 'Faites attention, au-delà de votre conviction personnelle, cette décision que vous prônez de ne pas participer n'est pas sans conséquence".

"Ensuite, je crois que tout le monde, chacun de nous, a déjà eu ou aura l'occasion de faire l'objet de discrimination. Ça peut être la couleur de la peau, ça peut être notre religion, notre âge, notre sexe, notre orientation sexuelle... Et donc, il faut qu'on soit tous concernés par toutes les discriminations et pas seulement par certaines. On ne veut pas qu'il y ait une hiérarchie dans les discriminations et on veut que l'on puisse lutter contre toutes. Si demain il s'agit d'une journée de lutte contre le racisme, est-ce que ces mêmes joueurs qui n'ont pas voulu participer à la lutte contre l'homophobie ne vont pas vouloir s'associer à cette lutte contre le racisme. Bien sûr que non, ils s'associeront. Donc là, c'est discriminer en quelque sorte les discriminations et les hiérarchiser".

Les footballeurs ont une image à transmettre

Patrick Anton

"Enfin, le troisième argument, c'est qu'il ne faut pas oublier que les joueurs professionnels sont considérés par les jeunes comme des exemples. Ce sont des sources d'inspiration. On scrute leur comportement, et donc les footballeurs ont une image à transmettre et doivent agir en conséquence. En refusant de participer à une opération comme celle qui a été menée ce week-end, ils acceptent un débat public qui va s'en suivre, alors qu'on ne devrait pas avoir lieu à débat et qu'on devrait être tous derrière ce type de journée".

"Voilà la raison pour laquelle ce qu'on souhaite, c'est encore une fois ne pas sanctionner. On aurait eu des pouvoirs de discipline qu'on n'aurait pas, je pense, sanctionné. Et puis surtout, essayer d'avoir un débat avec ces joueurs et leur faire comprendre qu'on peut accepter de soutenir ce type de mouvement et que ça n'est pas à caractère insupportable".

"Les joueurs qui se sont exprimés ont dit que c'était par conviction religieuse, conclut Patrick Anton. Est-ce que leurs convictions religieuses leur demandent de ne pas s'associer à ces mouvements de protestation et de lutte ? Que l'homosexualité soit dans certaines religions proscrites, on veut bien l'entendre. Mais ça ne les empêche pas de soutenir cette cause. C'est quelque chose qui est totalement différent. Et puis, comme on le dit et comme cela sera lu dans la lettre ouverte, on peut, peut-être, mettre de côté et dans l'intérêt général un intérêt particulier".

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