Neymar : "On lèche, on lâche et on lynche. Et rebelote", dit Polony sur RTL
ÉDITO - Ce lundi 23 septembre, Natacha Polony se penche sur le cas Neymar. Après un été compliqué, le Brésilien est presque redevenu, en l'espace de deux matches, la star adulée par ses supporters.

Il a suffi d’un but face à Strasbourg, puis un ce week-end face à l’Olympique Lyonnais, pour que Neymar, la star du PSG, redevienne un dieu vivant après avoir passé un été à se faire conspuer. Les commentateurs sont un peu versatiles ou complètement hystériques ?
Il y a une semaine, L’Équipe titrait : "Neymar doit se racheter". Ce matin, c’est "Le pied de Ney", un double jeu de mot. Et puis, extase des commentateurs, articles dithyrambiques : dans Le Parisien on peut lire : "le génie frappe encore". On pourrait balayer en concluant que décidément, les journalistes, dans quelques domaines que ce soit, ont besoin d’en faire des tonnes, de sur-vendre, quitte à se renier le lendemain. Et puis, ils adorent voler au secours de la victoire et frapper celui qui est à terre. C’est la règle des 3L : on lèche, on lâche et on lynche. Et rebelote. On re-lèche, jusqu’à la prochaine.
En plus, pour le coup, on a eu un été un peu
compliqué avec les Brésiliens. Il faut dire qu’entre Jair Bolsonaro qui insulte
Brigitte Macron et Neymar qui explique que son plus beau souvenir de foot,
c’est quand il était au Barça, la remontada à 6-1 contre le PSG, l’équipe,
donc, qui le paie 3 millions par mois, on s’est dit qu’il y avait parfois un
petit problème d’éducation au Brésil.
"Le plus beau but était une passe"
Mais c’est un classique du football, les supporters qui réagissent comme des amoureux déçus. Là, c’est plus que ça. J’ai lancé le sujet à Marianne, j’ai eu des débats enflammés. Avec réquisitoire, plaidoirie, morceau de bravoure et tous les registres du lyrisme, de la nostalgie, de l’analyse politique.
Je vous résume : il y a ceux qui
disent : "on s’en cogne, de ce qu’il a fait cet été, de son transfert
avorté, de ses déclarations lamentables. C’est un joueur de foot et on lui
demande d’être excellent. Il l’est". Il y a, ensuite, ceux qui disent : "il est la
caricature du foot contemporain : il n’a aucun sens de l’institution, et
un club c’est une institution, on la respecte. Lui ne joue que pour lui-même,
pour son profit immédiat". Enfin ceux qui disent : "c’est bien le PSG
qui a induit ce travers. Neymar est à lui-même sa propre entreprise parce qu’un
club comme le PSG transforme la ligue 1 en marché. Qui peut s’attacher à un
club comme le PSG ? Ni les joueurs, ni les supporters".
n le sait, le foot est un spectacle qui brasse des
millions. Mais alors, est-ce qu’il vaut mieux accepter
un mec génial qui joue pour sa pomme et qui amplifie le phénomène ou un
collectif, moins performant mais qui résiste à ce rouleau compresseur ? Il y a un livre que j’aime beaucoup sur le foot
qui s’intitule : "Le plus beau but était une passe". Un titre qui rappelle
que le foot se joue à plusieurs et n’est beau que pour ça.