Bientôt l'écran noir ? La crise des droits télévisés de la Ligue 1 continue après le refus du principal diffuseur du championnat de France de Ligue 1, DAZN, de rompre son contrat avec la Ligue de football professionnel contre indemnisation. Le contentieux face à la justice se poursuit et l'avenir de la diffusion du football français, voire de l'existence de certains clubs, est en jeu à partir de la fin de la saison
Il n'y a pas d'inquiétude concernant la diffusion de la 30ème journée de Ligue 1 ce week-end, DAZN continuant de diffuser huit matchs par week-end, le multiplex du dimanche 17h et son magazine du dimanche soir, ni pour les dernières journées du championnat ou les barrages d'accession. La Ligue attend donc que le diffuseur britannique paie les deux prochaines échéances comme prévu pour un total de 140 millions d'ici le mois de juin, dont 70 millions dès le 30 avril.
Mais DAZN ne souhaite pas continuer à payer dans ces conditions. Le diffuseur considère que la LFP l'a "trompé sur la marchandise" et observe des manquements dans leur contrat. Une action en justice a été lancée dans ce sens. En février, le diffuseur n'avait pas payé en totalité son échéance, plaçant une moitié sous séquestre. Payera ou ne payera pas ? C'est la question qui se posera fin avril, la prochaine échéance dans ce dossier.
Si pour cette saison, la diffusion est assurée, l'incertitude plane sur la prochaine saison. Pour le moment, aucun accord de séparation n'a été signé entre le diffuseur et la LFP. En toute logique, le contrat actuel, prévoyant la diffusion du championnat une deuxième saison, doit s'appliquer pour un montant avoisinant les 400 millions d'euros.
Mais la Ligue de football professionnelle a proposé ce mardi un accord de rupture pour une résolution à l'amiable de cette situation. Si cet accord a été refusé, c'est pour le volet financier. Sur le constat, ni DAZN, ni la LFP ne souhaitent poursuivre leur collaboration. Les prochaines semaines serviront à négocier une rupture entre les deux parties, et à quelles conditions ?
C'est une question pour laquelle la réponse n'est pas encore connue. La seule alternative connue actuellement est celle voulue par les présidents de Ligue 1 et Vincent Labrune, le président de la LFP : la création d'une nouvelle chaîne 100% Ligue 1 la saison prochaine. Cette idée, retoquée cet été au profit du couple BeIN Sports / DAZN, revient sur la table.
Mais plusieurs problèmes se posent. Le premier est celui de la rémunération pour les clubs. Avec une telle solution, les coûts de diffusion sont fixes et à la charge de la Ligue de football, mais il n'y a aucune garantie de revenus. C'est la raison pour laquelle cette solution avait été balayée à l'été 2024.
Deuxième problème : celui de la distribution et des conditions de distribution. A l'intersaison 2023-2024, l'idée d'un couplage avec la plateforme Max, propriété du groupe Warner Bros Discovery, avait été évoquée. Si une telle chaîne est lancée, LFP Media, qui gère la partie télévisée de la Ligue de football, devra trouver des accords avec les fournisseurs d'accès internet, Bouygues, Free, SFR ou Orange, ainsi que des plateformes comme Canal+, Max ou Prime Video.
Quant à la reprise des droits TV par une autre chaîne ou plateforme, hors de cette "chaîne Ligue 1", la probabilité est faible, sauf retournement de situation. Le diffuseur historique, Canal+, est toujours en conflit avec la LFP devant la justice, concernant le précédent contrat de diffusion, et ne souhaite plus porter économiquement le championnat qui l'a exclu en 2018 puis en 2021 des discussions. De plus, la chaîne cryptée paye des droits importants (Ligue des champions, F1, Top 14, Moto GP) et agrège des contenus avec BeIN Sports ou Eurosport, ce qui a un coût important. Pour les autres chaînes, BeIN Sports ou Amazon par exemple, elles ont été échaudées par la non-rentabilité des droits et ne souhaiteraient pas y retourner pour diffuser la majorité du championnat.
Les conséquences de cette crise sont concrètes pour les clubs de Ligue 1. En moyenne, la moitié du budget d'un club de Ligue 1 repose sur les droits TV. Ces droits sont commercialisés et récupérés par la LFP, puis l'argent est ensuite redistribué au club selon un barème lié au classement du précédent championnat.
Pour certains petits clubs, c'est tout simplement une question de survie. Leur viabilité est basée sur ces milliers ou millions d'euros issus des droits de diffusion. Si pour le PSG par exemple, ça représente 30% de leur budget. Mais pour de petits clubs qui ne jouent pas la Coupe d'Europe, comme Montpellier, ça peut monter jusqu'à 70%. Le club propriété de la famille Nicollin a été fortement impacté par la baisse des droits télévisés, avec une réduction de son budget cette saison de 52 à 32 millions d'euros.
L'arrêt du contrat DAZN pourrait s'avérer dramatique pour ces clubs. Leur économie est basée sur les droits télévisés et sur les revenus issus des transferts. Mais l'argent des transferts de joueurs est incertain. Quand l'un des deux piliers s'effrite, c'est l'édifice tout entier qui devient bancal et fragile financièrement. Un club reste une entreprise : s'il y a une baisse ou un arrêt des droits télévisés, donc des rentrées d'argent, il devient impossible pour ces clubs de fonctionner, d'acheter des joueurs et de payer leurs salariés. L'entreprise est donc en péril et peut faire faillite. Pour certains clubs, les prochaines échéances que le diffuseur doit payer sont "vitales", alors que la DNCG envisage 1,2 milliard d'euros de pertes cette saison pour les clubs professionnels en France.
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