Marcel Boussac : comment le roi du textile s'est enrichi grâce aux courses de chevaux

Il a toujours eu soif d'argent. Milliardaire à l'âge de 25 ans, Marcel Boussac se construit rapidement un empire dans deux secteurs : le textile et les chevaux de course. Son brillant parcours commence pourtant par un échec : il n'obtient pas son bac. Refusant de le repasser, il est jeté dans l’entreprise de confection familiale où il gagne rapidement une petite fortune. À 20 ans, il se rend à Paris avec une idée en tête : habiller les femmes de couleurs vives.  

Puis, la Guerre arrive. Réformé suite à un accident, il remporte le marché public pour fournir la toile nécessaire aux voilures des avions de combat et fabrique aussi des tentes et des masques à gaz pour les Poilus. Boussac s’enrichit et cultive ses relations. Il fonde le Comptoir de l’industrie cotonnière. 

Le voilà milliardaire. Marcel Boussac investi désormais massivement dans les courses hippiques. Influencé par son ami Gaston de Castelbajac, qui l’incite à entrer dans le monde du turf, mais aussi par une figure tutélaire de l’élevage, Edmond Blanc, il achète le haras de Fresnay-le-Buffard, dans l’Orne. Ses chevaux se font rapidement connaître outre-Manche, comme en témoigne la victoire d’Astérus dans les Champion Stakes en 1927, où l’heureux propriétaire gagne le surnom de "The impassive French man". 

"L'inbreeding" pour remporter les meilleurs courses

Sous l'Occupation, Marcel Boussac parvient à sauver ses usines en entretenant de bonnes relations avec le régime de Vichy. Mais, cela n'empêche pas l'envahisseur de convoiter son meilleur étalon Pharis. Suite au refus de son propriétaire de l’envoyer dans les haras du Reich, le champion est enlevé dans son box par un commando. Le cheval lui sera finalement ramené sur ordre personnel de Churchill, en 1945. 

En 1951, Boussac, avec ses 52 usines et ses 21.000 salariés, est désormais l’homme le plus riche de France, invité par les puissants de tous les camps, de l’Américain Truman au Soviétique Krouchtchev. La destinée hippique de Boussac passe également à un stade industriel. Il introduit chez le pur-sang européen du sang américain, cherchant à mélanger les races en pratiquant les principes de consanguinité. On appelle cela "l’inbreeding". Coronation, qui remporte le Prix de l’Arc de Triomphe en 1949, en est un symbole. Son père et sa mère sont frère et sœur. Il possède désormais 400 chevaux.

Mais, dans les années 1960, l'homme d'affaires semble un peu dépassé par les événements et notamment par la décolonisation, qui lui fait perdre des parts de marché. L’adaptation est difficile et Marcel Boussac doit piocher dans sa trésorerie personnelle. Le groupe dépose le bilan en 1978. Affaibli par un cancer de l’estomac, Boussac se retire dans sa dernière propriété, en Sologne. Précurseur passionné, l'homme qui fut longtemps le plus riche d’Europe meurt, ruiné, le 21 mars 1980. Le Critérium des Pouliches, qui a lieu le jour du Prix de l’Arc de triomphe, porte désormais son nom.