Léon Zitrone : comment la star du petit écran a transmis le goût des courses hippiques aux Français

"Big Léon", c'est ainsi que l'on surnomme Léon Zitrone à l'époque. D'abord pour son physique d'ogre, mais aussi, et surtout, par son statut de star du petit écran. Il marquera l'histoire en commentant les mariages princiers et en animant Intervilles. Mais sa notoriété, il la doit d'abord aux courses de chevaux. 

Il faut dire que cette passion remonte dès son plus jeune âge. Déjà, il séchait les cours pour pouvoir se rendre à l'hippodrome. Lorsque Léon Zitrone est au lycée, ses parents ouvrent une teinturerie à Montmartre. En 1937, l'acteur Jules Berry, star de l'époque, y dépose alors ses vêtements. N'ayant rien sur lui pour payer sa facture, il propose aux commerçants d'accompagner le jeune Léon à Longchamp, où l'acteur dispose de renseignements exceptionnels afin de payer ses dettes. Le duo rentre finalement bredouille. Qu'importe, Léon Zitrone a passé une après-midi de rêve avec son idole.

Alors, après la Première Guerre, le jeune homme espère monnayer sa connaissance des courses. C'est grâce à elle qu'il dégote son premier emploi de journaliste pigiste à la rubrique hippique. Puis, la future ORTF a besoin de bras, ou plutôt de plumes et de voix. Elle lui offre un poste pour commenter les événements français dans toutes les zones francophones du globe.

La référence du commentaire hippique

Une belle voix et un physique sérieux et rassurant. Il est repéré par Pierre Savague en 1956, à un moment où la télévision est encore balbutiante. "Filez demain à la première heure chez Pierre Pelat, à Maisons-Laffitte. Il y aura la propriétaire Simone Del Duca et son jockey Jean Massard. Ils préparent le Grand Prix de Paris", lui dit-il. Sa carrière est lancée. Il devient une personnalité publique à une époque où il n'existe qu'une seule chaîne de télévision. Et quand il faut choisir un présentateur pour le journal de 20 heures, il est de la partie. 

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Mais la passion des courses hippiques reste son fil conducteur. En parallèle de sa carrière télévisée, il écrit aussi dans la rubrique hippique de différents journaux. Son statut de roi des turfistes est lié à l'âge d'or du tiercé. Créé en 1954, ce jeu, qui une fois par semaine permet aux Français d'acheter une maison, fait des courses hippiques, un sport national. Léon Zitrone en est l'incarnation. 

Comment a-t-il su tisser ce lien avec les Français ? Pour Jean-François Pré, la voix des courses sur TF1 pendant des années, c'est parce qu'il "avait toujours une anecdote à partager. C'est vraiment lui qui a fait aimer les courses aux Français. Léon était aussi un très gros bosseur. Il préparait chaque élément de son commentaire à l'avance". Pour autant, aussi millimétrées que soient ses interventions, l'homme était imprévisible et fantasque. À Vincennes, il venait en pantoufles. Il demandait de bloquer l'ascenseur pour lui après l'arrivée, pour être le premier à aller accueillir le gagnant. Les propriétaires et les entraîneurs étaient furieux de devoir l'attendre, mais c'était Léon. 

Il restera la voix des courses hippiques pendant des décennies encore, avant de mourir le jour de son 81e anniversaire, le 25 novembre 1995. Aujourd'hui, la mémoire du pionnier du 20h est honorée sur l'hippodrome de Vincennes où une course porte son nom. 

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