Excellente il y a deux ans à Londres (cinq médailles dont trois en or), l'équipe de France d'athlétisme se présente aux Mondiaux de Doha avec quelques valeurs sûres, mais surtout de nombreux outsiders qui devront se surpasser pour espérer monter sur le podium.
Détenteur du record du monde depuis septembre 2018 (9.126 points), le décathlonien Kévin Mayer jouit du statut d'immense favori dans sa discipline. Le tenant du titre, encore jeune (27 ans), n'en finit pas de progresser (records personnels au poids et sur 110 m haies cette saison) et possède une marge immense sur la concurrence. Seul un accroc comme à l'Euro de Berlin en 2018 (zéro à la longueur) pourrait le priver du titre.
Tenant du titre lui aussi, Yohann Diniz se présentera au départ du 50 km avec le meilleur chrono de l'année (3 heures 37 minutes et 43 secondes en Lituanie en mai). Le recordman du monde (3h32'33") est favori mais son âge (41 ans), les conditions de forte chaleur annoncées et les aléas de cette épreuve extrêmement longue (problèmes gastriques, alimentation, hydratation) incitent à la prudence.
Il ne manque que le titre mondial en extérieur à l'immense palmarès de Renaud Lavillenie, champion olympique en 2012. Mais à 33 ans, à l'issue d'une saison frustrante (un meilleur saut à 5,85 m seulement), le recordman du monde (6,16 m en 2014) ne part pas favori face à la nouvelle génération et ses trois perchistes à plus de 6 m cette année : l'Américain Sam Kendricks, le Suédois Armand Duplantis et le Polonais Piotr Lisek. Lavillenie compte sur l'expérience et la magie d'un soir pour renverser la table.
Petit à petit, Alexandra Tavernier (lancer du marteau) se forge un palmarès remarquable (vice-championne d'Europe 2018, 3e des Mondiaux 2015). Avec un nouveau record de France cette année (74,84 m) et l'absence de la numéro 1 mondiale polonaise Anita Wlodarczyk, la native d'Annecy (25 ans) est candidate au podium.
4e des derniers Mondiaux à Londres, son alter ego Quentin Bigot aspire à l'étape suivante et fait partie des nombreux prétendants au podium, même si les deux Polonais Pawel Fajdek et Wojciech Nowicki semblent se détacher.
Pascal Martinot-Lagarde (110 m haies) cherche quant à lui son premier podium mondial en plein air. Moins rapide que par le passé, il a quand même su s'imposer à l'Euro de Berlin l'an dernier, de quoi lui donner confiance.
Un podium sur les haies, spécialité française, pourrait aussi venir de Wilhem Belocian : très en forme cette saison, le Guadeloupéen a joué les yeux dans les yeux avec les meilleurs notamment lors des meetings de Ligue de diamant de Stanford et Londres (2e).
Loin dans les bilans annuels, la lanceuse de disque Mélina Robert-Michon, revenue après une deuxième grossesse, cherche tout de même une 3e médaille mondiale à 40 ans, confiante dans sa capacité à être en forme le jour J.
Tenant du titre sur 800 m, Pierre-Ambroise Bosse est loin des meilleurs du point de vue chronométrique, mais débarrassé de tout pépin physique. Et son exploit de 2017 a montré qu'il savait surprendre.
Sans l'immense star Usain Bolt, le niveau global du 100 m semble avoir baissé ces dernières années. Une opportunité à saisir pour Jimmy Vicaut, même s'il n'est pas descendu sous les 10 secondes cette année ? Ou alors sur le relais 4x100 m avec Christophe Lemaitre notamment ?
Sur 800 m féminin, l'absence de la Sud-Africaine Caster Semenya rebat les cartes promettant une course tactique qui pourrait profiter à une outsider comme Rénelle Lamote.
Pour Ludvy Vaillant, 4e meilleur performeur de l'année sur 400 m haies, l'accès au podium semble bouché par trois concurrents plus rapides de plus d'une seconde. Mais un accroc sur les haies est vite arrivé.