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"Si je porte plainte, je vais me faire plus de mal" : la chanteuse Suzane dénonce sur RTL la "double peine" des victimes de viol

La chanteuse a révélé, à l'occasion de la sortie de son titre "J'accuse", avoir été victime de viol il y a quelques années. Dans "Les 1001 vies de...", le nouveau podcast de RTL, elle se confie sur sa "non-croyance" en l'action de la justice face aux violences sexistes et sexuelles.

Suzane, invitée des "1001 vies de...", le nouveau podcast de RTL

Crédit : RTL

Suzane, artiste : "Etre chanteuse, je trouve que c'est une maladie"

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"Tous les monstres ne sont pas que dans les salles de cinéma", lance Suzane dans son titre J'accuse, sorti en avril, à l'occasion duquel elle a révélé avoir subi un viol, avant d'être artiste, "dans un cadre professionnel". Invitée ce vendredi 24 octobre dans Les 1001 vies de..., le nouveau podcast de RTL, la chanteuse dénonce la "double peine" des victimes de viol comme elle.

"Je ne pense pas porter plainte parce que je crois qu'aujourd'hui la justice n'est toujours pas à la hauteur, n'est toujours pas réparatrice", explique-t-elle au micro de Xavier de Moulins. "Je pense qu'aujourd'hui si je porte plainte, je vais me faire plus de mal que ce que je vais me faire du bien. Parce que je ne suis même pas sûre qu'à la fin je sois reconnue comme victime."

"Les policiers me rigolaient un petit peu au nez"

Suzane raconte s'être "construite" sur une "non-croyance en la justice, en la police". Elle livre le récit d'une agression sexuelle subie par une collègue avec laquelle elle travaillait dans un village vacances. "J'avais 18 ans environ, et je suis allée à la police pour dire que mon amie avait vécu une agression", se remémore-t-elle.

"Ma parole n'a pas du tout été prise au sérieux", déplore-t-elle. "Les policiers me rigolaient un petit peu au nez. (...) Je me suis remémorée cet épisode au commissariat de Saint-Raphaël à l'époque, et je me suis dit, si on t'a pas cru il y a quelques années pour une autre fille, alors pourquoi on te croirait toi aujourd'hui ?"

"Toutes les femmes autour de moi, et les hommes aussi, qui ont porté plainte, ou du moins qui sont allés libérer leur parole, n'ont pas été entendus", dénonce-t-elle "Au contraire, ça a été souvent des doubles peines." Une double peine qu'elle craint elle-même encore aujourd'hui, si elle décide de porter plainte. "Je vais vivre la double peine de devoir raconter de nouveau ce viol que j'ai subi il y a quelques années déjà", estime-t-elle. "Et je ne suis pas sûre de gagner, qu'il y ait une condamnation à la fin. Je pense que je vais faire partie des classés sans suite."

"Combien de DM je reçois sur cette chanson !"

"Parce qu'aujourd'hui en France, on le voit bien d'ailleurs, les classés sans suite sont beaucoup plus nombreux que les condamnations", déplore la chanteuse, qui rappelle avoir sorti J'accuse en avril 2025, "le jour où la Cour européenne des droits de l'homme condamne la justice française pour manquement" - des défaillances en matière de traitement judiciaire de violences sexuelles sur mineure.

Dans le clip de la chanson, elle a fait appel à l'actrice et réalisatrice Andréa Bescond, engagée contre les violences sexuelles et sexistes. Des victimes, connues ou anonymes, et des militants y défilent sur un fond noir, la plupart en gros plan face caméra.

Parmi elles : l'actrice Muriel Robin, la chanteuse Catherine Ringer, la comédienne Charlotte Arnould qui accuse Gérard Depardieu de viols, le militant des droits de l'enfant Lyes Louffok, l'artiste Miranda Starcevic qui a porté plainte pour viol (classée sans suite) contre le rappeur Lomepal ou encore Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, qui a porté plainte contre son père pour "viol et tentative de viol".

Avec ce type de chansons, elle pense que "ceux qui les écoutent peuvent changer de regard". "Combien de DM (des messages privés, ndlr) je reçois sur cette chanson ou sur d'autres où on me dit 'on a écouté l'album en famille'", se réjouit-elle. "Et on a réussi à ouvrir plein de débats sur l'homosexualité, sur les violences sexuelles, sur des choses dont parfois c'est un petit peu dur d'en parler dans un cercle familial, c'est un peu tabou encore. Donc si je peux ouvrir, moi, avec un album et de la musique, des questions entre générations différentes, sur une même table, dans une même famille, c'est génial !"

Les 1001 vies de..., un nouveau podcast à retrouver chaque semaine sur le site et l'application RTL. Comment sont nés les destins extraordinaires ? Fidèle à son style de confesseur, Xavier de Moulins recueille les confidences des grands témoins de l’époque. Artistes, sportifs, scientifiques… ils racontent leurs 1001 vies dans des entretiens inspirants.

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