On connaît les vertus apaisantes de la musique. La violoncelliste Claire Oppert joue régulièrement au chevet des malades, dans les services de soins palliatifs. Du Bach, du Mozart, du Beethoven. Elle parvient, en quelques notes, à soulager les patients.
En région parisienne, à l'hôpital Rives de Seine de Puteaux, dans cette unité ou l'on tente d'adoucir la fin de vie des patients, chaque lundi, la sérénade de Schubert résonne dans les couloirs de l'unité des soins palliatifs. Un concert privé se joue dans la chambre 62. Une chaise, un violoncelle et ce sourire, qui apparaît sur le visage d'Ariane, recroquevillée sous ses draps blancs.
"C'est un moment de sérénité, apaisant, une bulle émotionnelle". Étendue sur son lit, cette patiente de 68 ans souffre d'un cancer généralisé. Elle ne peut plus se lever. Elle bat la mesure, en balançant légèrement sa tête. "Pour moi, la musique, ça représente la vie, j'étais institutrice en maternelle, cela aère un peu l'esprit".
Elle écoute attentivement, fixe les mouvements de Claire Oppert, la musicienne. Le temps de quelques mélodies, la vie reprend ses droits. "C'est une grande satisfaction de pouvoir rejoindre la personne". Quelques chambres plus loin, derrière cette porte, un patient de 74 ans, mourant, est entouré de sa fille et de son épouse. Claire joue à son chevet. Son coeur bat encore, mais son esprit semble avoir quitté son corps. Peu à peu, l'homme reprend conscience, ouvre les yeux. "Grand honneur, d'un coup il était présent."
Un moment suspendu, une immense émotion. Sa fille, fond en larmes, l'enlace tendrement.
"Il n’est pas là depuis ce matin" Parfois, le pouvoir de la musique peut arracher quelques minutes à la mort. Apaisé, entouré de sa famille, le chanteur de Fado, s'est définitivement endormi, quelques heures plus tard.
Depuis trois ans, elle fait partie de l'équipe médicale de l'unité des soins palliatifs. Elle est considérée comme une soignante, Claire Oppert est salariée de l'hôpital, une demi-journée par semaine, grâce à des fonds associatifs. Dans la salle de garde, le docteur Mélanie Monribot, transmet toutes les informations sur l'état de santé des malades.
Après chaque passage, Noémie, l'une des infirmières, constate les résultats sur les patients.
"C'est impressionnant le changement, c'est de la médication mais autres". Grâce à toutes ces expériences, Claire Oppert a mené une étude clinique, prouvée scientifiquement : "Le Pansement Schubert", aussi le titre du livre que la musicienne a écrit en 2020 et qui retrace ses expériences avec ses patients. La musique, au cours d'un soin, diminue la douleur et l'anxiété, de 10 à 50 %.
"On a comparé des paramètres cliniques précis". D'un père médecin et d'une mère danseuse, Claire a appris le violoncelle au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Elle a longtemps hésité entre la musique et la médecine. Elle a finalement décidé d'allier les deux.
Loin de la foule des salles de concerts, la musicienne offre aussi le pouvoir soignant de son violoncelle, aux patients, atteint d'autisme ou de la maladie d'Alzheimer.
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