Stromae : comment son père disparu a inspiré la chanson "Papaoutai"

Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver, a grandi à Bruxelles, dans une famille monoparentale aux côtés de sa mère Miranda et de ses frères et sœurs. Son père, le chanteur le connaîtra à peine. Il vit dans son pays natal : le Rwanda, loin de ses cinq enfants. 

Stromae n'a que quelques souvenirs de lui : une mallette remplie de crayons de couleur et un pick-up que son père utilisait pour se déplacer au Rwanda. À cinq ans, l'artiste en devenir lui rend visite en Afrique, mais ce voyage est écourté par son rapatriement d'urgence en Belgique après avoir contracté le paludisme. 

En tout, Stromae n'aura vu son père qu'une vingtaine de fois, avant son décès en 1994, victime du génocide rwandais. À l'époque, le chanteur n'a que 9 ans et ne comprend pas immédiatement l’ampleur du drame. Ce n’est que trois ans plus tard, à 12 ans, qu'il apprendra la vérité. "Je n’ai pas pleuré en l’apprenant, car pour moi, il avait déjà disparu", confiera plus tard Stromae.

Une absence mise en chanson

Mais en 2013, alors que Stromae s'est déjà imposé sur la scène musicale internationale avec son titre Alors on danse, l'artiste belge sort un nouveau titre intitulé Papaoutai. Dans ce titre qui mêle hip-hop et électro, il raconte les interrogations d’un enfant face à l’absence d’un père.

Le succès de Papaoutai est immense et devient la vidéo francophone la plus vue du monde. Son album Racine Carrée se vend à plus de 2,5 millions d'exemplaires, avec des titres emblématiques comme Tous les mêmes et Formidable. 

Et en 2015, alors que Stromae acheve une tournée triomphale en Afrique, il effectue une dernière date symbolique à Kigali, au Rwanda, sur la terre de son père. Dans un moment d’émotion, il remercie, pour la première fois, ce père qu’il a si peu connu. Ce geste fort ressemble à une réconciliation posthume, ou du moins, à l'ultime adieu au grand absent de sa vie.