Johnny Hallyday "était un chanteur de légende, il sera éternellement présent"
ÉDITO - Isabelle Morini-Bosc rend un ultime hommage au chanteur, habitué des studios de RTL, qu’elle a souvent croisé au fil de sa carrière.

"La France perd une idole, mais RTL perd un
ami"... Cette phrase de notre grand-patron Christopher Baldelli résume
parfaitement le lien "à part" qui unissait "la
légende du rock" à notre station. "Parce que c'était lui, parce que
c'était nous", pourrions-nous dire en paraphrasant Étienne de La Boétie.
Nous, RTL. En soixante ans de carrière, il a imprégné nos locaux, laissé son
"empreinte" sur tous nos murs porteurs, dans tous nos studios. Oui,
si on cherchait les traces de Johnny comme la police cherche les traces d'ADN,
on retrouverait sa "présence" à tous les étages de notre station.
Et quelle présence, bon sang ! Il fallait entendre mercredi 6 décembre la géniale "découvreuse de talents" Monique Le Marcis, par ailleurs
directrice de la programmation musicale sur RTL, évoquer avec une infinie
tendresse son Johnny, celui qui venait chercher du réconfort auprès de ses
copains "dans notre petit bar" quand il y avait des tensions entre
lui et Sylvie.
Et comme le précisait Anthony martin, chef du Service Culture de
RTL, "il ne venait jamais à RTL sans demander : a)comment se portait la
station, et b) comment allaient tous ceux qu'il connaissait". Pas
"pour faire genre", mais parce qu'il voulait vraiment savoir. Et
parce qu'il était vraiment ce que ses fidèles disent qu'il était : un type
gentil sans être faible, timide sans être effacé, doué sans être prétentieux,
et "multiremarié", sans être coureur de jupon.
Une façon de tout voir sans jamais avoir l'air de regarder
Je me souviens d'un ami animateur infidèle à qui Johnny faisait la leçon : "Ça va lui faire de la peine si elle l'apprend. Il faut que tu arrêtes ça". C'est étonnant, cette façon qu'il avait de tout voir sans jamais avoir l'air de regarder. Claude Lelouch nous racontait ainsi ce matin qu'à l'issue d'un spectacle, il avait accepté toutes les demandes de photos de fans... Sauf celle d'un individu dont le comportement lui avait déplu.
Il l'avait sanctionné d'un simple : "Pour toi, c'est non !". Bien sûr qu'il avait des colères, des rancœurs, et même des brouilles longue durée, dont il lui arrivait d'oublier l'origine! Elles lui offraient souvent le plaisir d'une réconciliation aussi totale que l'avait été la rupture.
Oui, c'était un homme de légende. Et à quoi reconnait-on justement un "chanteur de légende" ? Au fait que son départ vous attriste même s'il n'est pas votre artiste préféré. C'est mon cas... Moi, j'étais plus Michel Sardou et Joe Dassin que Johnny, mais qu'est-ce que j'aimais les voir tous ensemble (avec également Mireille Mathieu) sur le plateau des Carpentiers !
Comment ne pas être touché par un homme si touchant ?
J'ai toujours également été émue par le récit que Johnny faisait de son enfance, de son adolescence, et par le chagrin qu'il exprimait, que son père n'ait jamais été un père. Il fallait l'entendre raconter comment, à l'armée, poussé par son chef, il avait accepté de rencontrer ce "paternel" absent qui disait "vouloir reconnaître ses torts et renouer".
Or, sitôt sorti de la caserne et alors que son père souriant lui offrait un ours en peluche, il avait vu brusquement des dizaines de flashes venir des bosquets : son père avait tout simplement monnayé (cher) leurs retrouvailles avec la presse... Oui, comment ne pas être touché par un homme si touchant.
J'ai d'ailleurs moi aussi, à RTL, comme au Grand Journal, eu l'opportunité de le côtoyer. Et sans prétendre le connaitre comme le connait Anthony Martin, j'ai moi aussi pu m'entretenir avec lui. Grâce au comédien Yves Rénier, pote de longue date de Johnny. C'est peut-être un détail pour vous mais c'est lui qui a réussi à lui faire faire de la plongée alors que Johnny n'aimait ni le soleil, ni le sable, ni l'eau.
Johnny Hallyday ne sera jamais aussi éternellement présent que maintenant qu'il est définitivement absent
Isabelle Morini-Bosc
Il aimait en revanche "la clim", au point que ses
invités devaient quasiment mettre doudoune et parka pour entrer dans sa salle
de cinéma privée. Il aimait également faire de la musique dans n'importe quel
petit bistrot pourri du Nouveau Mexique ou d'ailleurs... Or, ce même Yves
Rénier m'avait dit un jour: "Je fais un polar Noir, Kidnapping, dans lequel Johnny veut jouer un très méchant, et je te
promets que je l'emmènerai dans ton émission de l'après-midi (On refait la télé) et qu'il restera
jusqu'au bout.
Yves Rénier avait tenu parole, Johnny aussi, et ce fut un moment
aussi chaleureux qu'un repas au coin du feu. Johnny, entre deux vannes avec
Yves, avait par exemple beaucoup ri à cette phrase de Guitry : "Le mariage
est le triomphe de l'espérance sur l'expérience". Il en savait quelque chose !
Il savait aussi donner, incroyablement, et c'est pour ça
que, j'en suis certaine, il ne sera jamais aussi éternellement présent que
maintenant qu'il est définitivement absent. On t'aime et on t'aimera, Johnny.
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