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"Il fallait sauver mes frères et sœurs", confie Isra'a, une réfugiée syrienne

TÉMOIGNAGE - Isra'a, 12 ans, a traversé huit pays depuis la Syrie pour arriver jusqu'en Allemagne. Elle est l'un des personnages principaux du documentaire "Exode 2" diffusé sur Canal +, mardi 30 janvier, sur la vie des migrants. Elle se confie, avec son père, à "RTL.fr".

Isra'a, jeune syrienne de 12 ans, a traversé l'Europe avec sa famille pour fuir les bombardements d'Alep en Syrie
Isra'a, jeune syrienne de 12 ans, a traversé l'Europe avec sa famille pour fuir les bombardements d'Alep en Syrie
Crédit : Canal +
Cécile De Sèze
Cécile De Sèze

Plus de 3.000 kilomètres plus tard et huit frontières traversées, Isra'a, son père, sa mère, et ses frères et sœurs sont arrivés en Allemagne. Dans le premier épisode d'Exode, diffusé sur Canal + en octobre 2016, on l'a suivie durant son périple sur la route des migrants en Turquie, puis dans les Balkans, en Europe de l'est, après avoir fui l'enfer des bombardements à Alep, comme environ 32,5 millions de Syriens, qui ont été déplacés.

Dans Exode : l'odyssée continue, diffusé mardi 30 janvier à 21 heures, le réalisateur, James Bluemel, a continué à suivre des exilés qui voulaient entrer en Europe, dans un monde qui a peu à peu érigé des murs et des barrières pour limiter le flux de migrants. Il s'est aussi intéressé à l'attente des réfugiés dans leur pays d'accueil, les craintes avant d'acquérir le statut de réfugié et l'intégration dans un pays avec une nouvelle culture. Isra'a et sa famille ont réussi à obtenir refuge en Allemagne, comme des centaines de milliers d'exilés. 

Un an plus tard, Isra'a a repris le chemin de l'école et parle allemand couramment. Elle était présente à Paris lors de la projection presse du documentaire avec son père, Tarek. Lors de la diffusion d'Exode 2, la jeune syrienne de 12 ans se cache dans les bras de la journaliste qui les a suivis quand elle apparaît à l'écran. Pourtant, elle est loin d'être timide. 

Pleine de joie de vivre à l'écran comme en vrai, Isra'a semble croquer la vie après avoir échapper à la mort. "Je ne pourrai jamais oublier la guerre, notre maison, tout a été détruit", raconte-t-elle dans le documentaire. Aujourd'hui, sa vie "a beaucoup changé", et son père se dit "heureux" quand il voit ses enfants "partir à l'école". Même si la guerre reste présente dans la tête de la jeune fille : "À chaque fois que je vois du sang, ça me rappelle la Syrie".

Ça vaut le coup, la vie vaut le coup

Tarek, père d'Isra'a
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Avec sa famille, dont une petite sœur handicapée, ils ont traversé des moments très difficiles. Elle a dû vendre des cigarettes dans les rues en Turquie avec son père pour financer le trajet. Dormir dans la rue, comme une habitude. Si c'était à refaire, la famille d'Isra'a n'hésiterait pas. "Ça vaut le coup, la vie vaut le coup", confie ainsi Tarek à RTL.fr

En voyant les images des autres migrants confrontés à la fermeture de la frontière macédonienne, Isra'a a envie de leur dire qu'il ne "faut pas capituler devant le premier échec. Il faut retenter sa chance", et pour elle, ce voyage était essentiel car il s'agissait de "sauver" ses frères et sœurs.

Je comprends le rejet

Tarek, père d'Isra'a

Une fois arrivés en Europe, la famille d'Isra'a n'a pas été confrontée au rejet de certains habitants contre les migrants. Au contraire. Isra'a raconte ne pas du tout se sentir différente de ses camarades à l'école et ne se voit pas comme mise à l'écart du fait de ses origines. 

Pourtant, dans le documentaire, certaines images montrent bien des réactions d'Européens peu accueillants par des manifestations de groupes identitaires ou des graffitis comme : "Refugees go home", (en français, "réfugiés, rentrez chez vous"). "Je comprends le rejet, réagit Tarek. L'amour entre les gens, c'est humain, et 'aimer' ne supporte par l'impératif". En revanche, en ce qui concerne les frontières fermées en Europe, "j'espère que ces positions seront révisées, poursuit Isra'a. Pour moi, le peuple européen est compréhensif et élégant". 

Pour moi, le peuple européen est compréhensif et élégant

Isra'a, jeune réfugiée syrienne

En ce qui concerne la Syrie, la jeune fille aimerait y retourner, peut-être un jour, "si la situation est sécurisée" et "en tant que touriste". Car aujourd'hui, elle se sent chez elle en Allemagne, même si "bien sûr, la Syrie restera toujours [son] pays".

Plus tard, comme elle le confiait déjà dans le premier épisode de la série documentaire, elle veut être docteure et veut "apprendre" pour "aider [sa] famille".

Tous n'ont pas la chance d'Isra'a et sa famille. Exode 2 suit d'autres personnages. Sadiq et son combat pour rester en Finlande, Moussa qui quitte la Guinée et toute sa famille pour entrer en Espagne, ou encore des déplacés afghans qui attendent de pouvoir reprendre une vie normale après des années dans des camps de réfugiés.

D'après les chiffres du documentaire, si 95% des Syriens sont acceptés en Europe, "plus de la moitié des Afghans sont refusés", alors que les attentats dans le pays se poursuivent. Comme conclut le documentaire, un million de personnes sont en attente de leur demande d'asile. 

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