ÉDITO - Les paradoxes de Blanche Gardin

Blanche Gardin ne veut pas des 200.000 euros d'Amazon. Une somme qu'on lui proposait pour une seule journée de tournage, pour une émission d’humour produite par la plateforme (LOL : qui rit sort !). Alors Blanche Gardin a écrit une lettre coup de poing, un message ultra-grinçant adressé au big boss Jeff Bezos, où elle dénonce un géant qui d’après elle "ne paye pas ses impôts en France", est un énorme pollueur, exploite la main-d’œuvre des camps de concentration ouïghours, et détruit le petit commerce chez nous. 

L'humoriste n'en est pas à son coup d’essai, puisqu’en 2019 déjà elle avait publié une lettre ouverte au président de la République pour expliquer qu’elle refusait d’être décorée par son gouvernement, parce qu’il n’avait pas tenu ses engagements en faveur des SDF. 

Une forme de cohérence

Résumons : Blanche Gardin ne veut pas des médailles d’Emmanuel Macron, elle ne veut pas l’argent de Jeff Bezos, mais elle veut bien celui de la famille Bolloré, les propriétaires de Vivendi, et donc de Canal +, qui a diffusé la dernière série de Blanche Gardin. Les Bolloré qui sont régulièrement mis en cause pour leurs activités en Afrique et pour une croisade politico-culturelle qu’ils tenteraient de mener grâce aux médias dont ils sont propriétaires. 

Je ne veux surtout pas faire taire Blanche Gardin, qu’elle continue la scène, le ciné, la télé, les coups de gueule et tout ce qu'elle veut. Mais comme elle souhaite visiblement être considérée comme une artiste engagée, elle s’expose aussi à ce que parfois on lui rappelle que cela exige aussi une forme de cohérence.