Barry Eugene Carter est né le 12 septembre 1944 à Galveston. Il ne gardera aucun souvenir de cette petite ville du Texas davantage connue pour ses ouragans que pour la naissance de celui qui sera, un jour, surnommé "le Colosse de l'Amour".
Barry ne se souviendra pas non plus de son père, Melvin White, un manutentionnaire volage, qu'il ne croisera qu'épisodiquement. Il adoptera toutefois son nom "White", plutôt que celui de sa mère, Carter, pour monter sur scène. La mère de Barry White est célibataire, professeur de musique.
Barry a aussi un frère, Darryl, treize mois de moins que lui. Tellement ressemblant qu'il est fréquent qu’on les prenne pour des jumeaux. Darryl sera un frère inséparable. Mais aussi son double, le plus sombre. Sa mauvaise conscience, l'exemple à ne pas suivre. Barry passera presque quarante ans à essayer de le sauver. Sans jamais y parvenir...
Barry White est un surdoué et un génie musical en herbe. En cette fin des années 50, les bonnes fées se sont manifestement penchées sur son berceau. Mais le conte parfait s'arrête là. La musique n'est en effet pas l'unique conseillère de la vie du jeune Barry. Trop souvent livré à lui-même, à ses mauvaises fréquentations et à son frère. Dès l'âge de huit ans, Darryl a fait un premier séjour en maison de correction. Comme lui, Barry White s’enfonce dans la délinquance. Cambriolages d'appartements, vols dans des voitures et rackets minables. "Avec mon frère, nous formions un petit gang, craint et respecté dans les rues du quartier" dira le chanteur.
Barry White a une vingtaine d'années et il survit en multipliant les petits boulots. Avec sa stature d'homme fort, il n'a aucun mal à se faire embaucher sur les chantiers de construction ou comme manutentionnaire. Il vend des jouets dans une boutique et livre des journaux.
L'argent qu'il gagne parvient tout juste à nourrir une famille qui, pour manger à sa faim, a recours aux services sociaux de la ville. L'avenir n'a rien d'encourageant, mais pas question de retomber dans la délinquance. Pour s'en sortir, espère t-il, il lui reste la musique et surtout, la chanson...
Sébastian Danchin, spécialiste de la culture afro-américaine, auteurs de plusieurs ouvrages sur les grandes figures de la musique.