"Je laisse le hasard entrer dans ma vie" disait-il. C'est vrai, la seule chose qu'il ait choisie, c'est le rock. Pour vivre vite, sur le fil, à l'exact opposé de sa jeunesse alsacienne, chez sa grand mère. "J'aurais pu mourir par ennui et par manque de fantaisie". La mère est ouvrière, le père inconnu, kabyle sans doute. Bashung, on l'appelle le bâtard. Pour s'évader, il fait du vélo sur piste, quatre heures par jour. Un jeu un peu dangereux, dit-il : frôler à un demi-millimètre la roue de l'autre.
Et puis, il découvre la musique. Il achète les lunettes de Buddy Holly, écoute Brel et Brassens, se reconnait en Gainsbourg. Mais les débuts chez les yéyés sont difficiles. "Je ne me retrouvais pas dans ce que j'enregistrais", disait-il, "il fallait faire dérailler quelque chose".
Avec le parolier Boris Bergman, c'est soirées arrosées, blagues potaches. Ils se sont trouvés. C'est lui qui écrit Gaby, qui ne devait être qu'une face B de la dernière chance après deux albums ratés. En fait c'est le début du succès.
Et c'est le début de la fin aussi : les angoisses, la dépression. Gainsbourg, ce père qu'il n'a pas eu, écrit pour lui : "Je dédie cette angoisse à un chanteur disparu, mort de soif dans le désert de Gaby". Pas si mort de soif puisque c'est l'époque des nuits sans sommeil, à siphonner des litres de bières, à fumer clope sur clope. C'est comment qu'on freine ?
Libé écrit à l'époque : "Le vrai Bashung est alcoolique et grand suicidaire. Il est la nuit, la tristesse noire, les choses vilaines, la fumée, l'obscénité épanouie". Il est aussi un père absent, et finit par vivre un double divorce : avec sa femme, et avec son parolier, remplacé par Jean Fauque qui va "Osez Joséphine".
Comme sa voix presque brisée, comme ses rimes à double fond, à la frontière de l'absurde et qui pourtant sont entrés dans nos vies. "Ma petite entreprise", "On m'a vu dans le Vercors", "Et rien ne s'oppose à la nuit"... "Je ne suis pas une grande gueule disait-il, la musique m'a donné la parole. Avant j'étais autiste".
Il a taillé sa route à l'aventure, sans chercher à savoir où il allait, mais aussi sans se retourner. Et tant pis pour son fils délaissé, tant pis pour Bergman qui a assisté à ses derniers concerts en payant sa place. Pourtant Bashung était un gentil. Mais l'enfant sans père était devenu un homme sans attache, en révolution permanente, errant de hasard en hasard, jusqu'aux dernières notes, qui résonnent encore...
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