Imaginez un mauvais film pornographique. Conservez exclusivement l'introduction poussive du film qui fait traditionnellement office de "scénario". Étendez la séquence jusqu'à obtenir 150 minutes. Et voilà ! Vous obtenez 365 jours : au lendemain, la suite du déjà très contesté thriller-érotique 365 Days (365 dni) sorti sur Netflix en 2020. Surfant sur l'appétence naturelle du public pour la chair fraîche et le sexe brut de décoffrage à la 50 Shades of Grey, le premier film qui adaptait une trilogie de l'autrice polonaise Blanka Lipińska a été un grand succès de la plateforme. Un succès surprise que le public a regardé par curiosité mais aussi et surtout pour se moquer gentiment de la qualité de l'œuvre. Mais un succès malgré tout.
Il ne fallait donc pas laisser s'échapper la poule aux œufs d'or et ce triomphe inespéré a donné naissance à une nouvelle horreur : 365 jours : au lendemain. Nous avons regardé ce film (disponible depuis le 27 avril 2022) et nous avouons sans honte avoir accéléré certains passages pour écourter le supplice...
Petit rappel rapide de l'intrigue (extrêmement problématique) du premier film : Massimo (Michele Morrone), membre de la mafia sicilienne, a enlevé Laura (Anna-Maria Sieklucka), une femme d'affaires polonaise et a donné 365 jours à sa victime pour qu'elle tombe amoureuse de lui. On retrouve un soupçon de La belle et la Bête, le donjon BDSM en plus... Armé de ses abdos saillants et de son regard ténébreux qui transpire la masculinité toxique, Massimo a réussi à séduire Laura. Ils font l'amour matin, midi et soir. Elle tombe enceinte. La jeune femme est victime d'un accident de voiture organisé par les ennemis de son mafieux de fiancé. Elle survit mais pas son fœtus...
Voilà où nous en sommes quand commence cette suite. Laura et Massimo se marient. Il n'y a aucune émotion, juste du sexe. Ils couchent ensemble sauvagement deux minutes avant la cérémonie et deux minutes après. Les scénaristes nous ont épargné un nouveau coït fougueux en pleine cérémonie sur l'autel de l'église et c'est heureux. Mais nous n'étions pas loin...
Les 45 premières minutes du film ne sont qu'une succession de scènes érotiques entre Laura et Massimo et leurs amis Olga et Domenico (qui ne servent à rien). Des scènes peu affriolantes tant elles sont répétitives, peu originales voire risibles. Une scène de sexe en robe de mariée, une séance de torture-masturbation après le mariage, une scène dans une piscine, sur une table avec crème chantilly et framboises fraîches, une dans la salle de bain, une autre dans le salon... Et même une scène profondément stupide (et donc très drôle) sur le green d'un golf où - vous l'aurez vu venir - Laura devient le dix-neuvième trou du parcours de son époux...
L'enchaînement des scènes est tellement pathétique qu'il en devient drôle. Mais le problème c'est que le film semble se prendre au sérieux. 365 jours : au lendemain propose aussi - comme le premier volet - une lecture très sexiste du rôle des femmes. Si Laura semble maîtriser certains aspects de la vie sexuelle de son mari et avoir un fort caractère, elle est, au final, au service de son époux. La réification du personnage est totale.
La scène où Massimo offre à Laura une entreprise de mode (car bien entendu les femmes ne peuvent s'intéresser à autre chose qu'à des vêtements) est particulièrement parlante. Chaque opportunité, même professionnelle, ne peut être qu'un privilège consenti par son mari... D'ailleurs, on ne la verra jamais travailler dans cette entreprise. Les femmes dans 365 jours font du shopping ou couchent avec leurs maris. Elles se font aussi conduire dans de belles et grosses voitures de sport...
Nous passerons rapidement sur le scénario parfaitement indigent de ce film et sa bande-son insupportable. Si vous ne voulez pas connaître les rebondissements du film, n'allez pas plus loin ! Si, en revanche, vous voulez savoir et vous épargner le visionnage : vous êtes au bon endroit. Toute l'intrigue repose sur le fait que Massimo cache à son épouse l'existence de son frère jumeau maléfique. Même le pire roman de gare n'oserait pas exploiter un tel cliché, mais 365 jours, si. Ce fameux frère couche avec une femme en faisant croire à Laura qu'elle assiste à un adultère. Cette dernière s'enfuit grâce au jardinier sexy de Massimo qui se trouve être en réalité l'héritier de la famille mafieuse rivale... Un "jardinier" aux yeux verts et aux belles pommettes qui offre à Laura quelques jours de paix, de muscles, de surf (car bien sûr c'est un surfeur) et de tatouages...
Outre ces fantasmes qui semblent avoir été griffonnés pour la pire fanfiction jamais rédigée, le film se termine par un règlement de comptes sorti de nulle part. On quitte un film quasi pornographique qui vante les mérites d'une collection de sextoys pour se retrouver dans un pseudo-thriller mafieux. C'est inutile, indigeste, mal filmé, mal joué... Et - c'est sans doute là le pire - la fin ouvre la voie vers un troisième film...
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