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Ravanalova Ire : qui était la reine qui a semé la terreur à Madagascar et défié l'Occident ?

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Ravanalova Ire : qui était la reine qui a semé la terreur à Madagascar et défié l'Occident ?

PODCAST - Pendant plus de trois décennies, Ranavalona Iʳᵉ a exercé son pouvoir d'une main de fer sur Madagascar. Son règne, marqué par la violence, les purges et l'isolement du royaume, reste l'un des plus sanglants de l'histoire de l'île.

Dessin de Ranavalona, reine de Madagascar.

Crédit : Artokoloro / Quint Lox / ARTOKOLORO QUINT LOX / Aurimages via AFP

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Pendant trente-trois ans, Ranavalona Iʳᵉ a exercé un pouvoir absolu sur Madagascar. Au XIXᵉ siècle, elle a traqué les chrétiens et tous ceux qu’elle a soupçonnés de complot ou de désobéissance. Chaque année, jusqu’à 30.000 personnes ont été torturées dans des conditions atroces.

Souvent comparée à Caligula, celle que l’on a surnommée "l’Ogresse" a laissé derrière elle le bilan humain le plus lourd de l’histoire malgache. Pourtant, une partie du peuple malgache a continué de la considérer comme une souveraine indépendante, symbole de résistance face à l’invasion occidentale.

Tout a commencé vers 1788. Ramavo, de son nom de naissance, est née à une vingtaine de kilomètres d’Antananarivo. Adoptée par la sœur du roi, elle a grandi au sein de la haute aristocratie. Très tôt, elle a été choisie pour épouser Radama Ier, héritier du trône, un souverain fasciné par Napoléon Ier, qui a tenté de moderniser Madagascar.

La terreur s’installe

À 22 ans, elle est devenue reine consort. Mais cette union n’a pas été heureuse : écartée dans un harem de douze femmes, elle n’a jamais été la favorite. Cette mise à l’écart a nourri en elle une profonde amertume.

À la mort de Radama Ier, en 1828, le pouvoir devait revenir à son neveu. Sentant sa position menacée, Ramavo a rapidement tissé un réseau d’influence et, sans résistance, s’est imposée sur le trône. Elle a alors pris le nom de Ranavalona Iʳᵉ.

Très vite, elle a fait exécuter tous les prétendants au trône. Elle n’a laissé aucune place à la pitié. Un ancien amant qui l’avait quittée pour une autre a été transpercé d’une lance. Elle n’a accordé aucun pardon.

Jugement au poison : vomir ou mourir

Elle a vu d’un très mauvais œil les influences françaises et britanniques. Un traité signé par son défunt mari avait permis l’abolition de l’esclavage en échange d’une assistance britannique. Mais les missionnaires anglais ont pris trop d’aise à ses yeux, en particulier leur volonté d’évangéliser.

Elle a alors expulsé les Européens, interdit le christianisme et imposé aux étrangers des travaux publics sous peine d’esclavage. Les missionnaires ont été chassés et les chrétiens malgaches traqués, crucifiés ou précipités du haut des falaises.

Elle a instauré un rituel judiciaire effroyable : les accusés devaient jeûner, boire un poison et avaler trois morceaux de peau de poulet. Ceux qui vomissaient étaient déclarés innocents ; les autres condamnés à mort. Jusqu’à 10.000 personnes ont péri de cette manière.

Des routes jonchées de cadavres

Ranavalona Iʳᵉ a également instauré un système de travaux forcés. Hommes, femmes et enfants ont été réquisitionnés dans les villages pour devenir porteurs ou ouvriers. Même les femmes enceintes ont été contraintes de travailler jusqu’à l’accouchement. Les cadavres des travailleurs morts d’épuisement ont été abandonnés au bord des routes.

En poursuivant l'expansion du royaume, son armée a écrasé les tribus rebelles avec une violence extrême : enfants décapités devant leurs parents, femmes enceintes éventrées, familles brûlées vives dans leurs maisons et hommes réduits en esclavage.

Le royaume coupé du monde

Après 25 ans de règne, Madagascar a sombré dans la terreur. Le pays a été presque totalement isolé, l’économie ruinée. Elle a relancé la traite des esclaves avec l’Europe pour compenser les pertes, mais beaucoup n’ont jamais atteint leur destination.

La population a été décimée par les famines causées par plusieurs sécheresses successives. En quelques décennies, l’île a vu sa population divisée par deux : de 5 à 2,5 millions d’habitants.

Folie, interdits et superstitions

Le pouvoir de Ranavalona est devenu de plus en plus despotique et irrationnel. Elle a interdit la couleur pourpre, qu’elle jugeait néfaste, et a ordonné une chasse au rhinocéros, bien qu’il n’y en eût pas sur l’île. Des centaines de personnes ont péri lors de cette expédition absurde.

Même son propre fils a tenté de la renverser avec l’aide d’un entrepreneur français. Le complot a été découvert et une nouvelle vague de répression sanglante s’est abattue sur le pays.

"Des chaînes de feu"

En 1861, la reine s’est réveillée en proie à des hallucinations terrifiantes. Elle a crié : "Ils viennent me chercher avec des chaînes de feu." Elle est morte peu après, à l’âge de 73 ans.

Lors de ses funérailles, une explosion accidentelle, causée par un baril de poudre, a détruit une partie du palais royal et fait plusieurs morts. Beaucoup y ont vu le signe de la présence maléfique de son esprit. Elle a été enterrée avec des amulettes, censées empêcher son retour d’outre-tombe.

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