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Paul Leterrier au bras d'Emmanuel Macron le 7 juin 2024
Crédit : André PAIN / POOL / AFP
Un héros français vient tout juste de nous quitter. Il s'appelait Paul Leterrier, il avait 103 ans. C'était le tout dernier survivant de la bataille de Bir Hakeim en 1942, une bataille décisive face aux Allemands. Et nous devions absolument vous raconter son histoire ce matin. Le reste attendra un peu parce que son histoire, c'est notre histoire et parce qu'elle résonne encore plus aujourd'hui où le président français et le chancelier allemand sont réunis en ce moment à Toulon.
Des hommes comme Paul Leterrier, on n'en fait plus beaucoup. Il a été marin, soldat, espion, pas seulement. Bon, marin, quand on grandit au Havre, c'est la base.
À 15 ans tout juste, Paul Leterrier trime déjà sur les paquebots de la compagnie transatlantique. Il est garçon de cabine sur le Normandie. Il y croise Marlene Dietrich en train de fumer des cigarettes. Terminus New York, la vie est belle, elle commence à peine. Mais quand la guerre éclate en juin 1940, il n'a qu'une seule idée en tête. "Je ne voulais pas servir les Boches".
Rassurez-vous, Paul Leterrier a un plan. Il s'engage dans la marine pour le régime de Vichy dans le seul espoir de pouvoir déserter et rallier les forces françaises libres du général de Gaulle. Et il va y arriver. Lors d'une escale à Beyrouth, il s'échappe. Il parvient à rejoindre les troupes anglaises et à intégrer la première brigade française libre.
Et vous alors ? Vous faisiez quoi à 20 ans ? Lui, il se retrouve dans le désert libyen, encerclé par l'Africa Corps du maréchal Rommel, le renard du désert. On est en mai 1942, c'est Bir Hakeim, 37.00 Français libres contre 32.000 Allemands et Italiens, 1 pour 10, un siège qui va durer 15 jours, 2 semaines d'enfer, pas d'eau, pas de vivres, des bombardements sans fin. "On avait peur, bien sûr, il faudrait être idiot ou cinglé pour dire qu'on n'a pas eu peur. Mais on avait un moral du tonnerre", c'est ce qu'il racontait au journal Le Figaro.
Un jour, au-dessus de sa tête, ce ne sont plus les balles qui sifflent, mais le compresseur d'un moteur d'un Messerschmitt, un chasseur allemand qui arrive en rase-motte. Il est blessé à l'abdomen et au poumon, puis un obus tombe, un éclat incandescent se fiche dans sa cuisse. "Ça faisait comme un morceau de beurre dans une poêle à frire, sauf que là, c'était dans ma cuisse que ça grésillait. J'ai dû l'extraire moi-même". Quand il a fini de hurler sa douleur, Paul Leterrier a glissé l'éclat d'obus dans sa poche. Ce morceau de métal-là valait toutes les médailles.
D'ailleurs, André Malraux dira "Bir Hakeim a été la preuve que la France n'était pas morte". L'offensive allemande a été freinée. Les Français ont montré qu'ils étaient encore là pour se battre. Le cours de la guerre a été changé. Paul Leterrier a continué en Tunisie, en Italie, au débarquement de Provence, toujours en première ligne.
Après la guerre, il va rejoindre le contre-espionnage. "Je trouvais la navigation un petit peu monotone", disait Paul Leterrier, mais jamais il n'a oublié Bir Hakeim. Il y est retourné en 1955 et en 2012. Et toujours la même réponse quand on lui demandait ce que ce nom évoquait. "Des amis morts au combat". Et il avait écrit, au préambule de ses mémoires, "Nous nous retrouverons au paradis, si Dieu veut". Paul Leterrier est avec eux maintenant. Et il ne manquait plus que lui.
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