Prix Nobel 2024 : pourquoi ces récompenses méritent le prix Nobel du sexisme

La semaine de remise des prix Nobel a commencé lundi 7 octobre. Le prix Nobel de physique sera remis ce mardi 8 octobre. Si ce prix décore des génies de leurs domaines, les femmes ont souvent été mises à l'écart. 

Depuis la création du prix Nobel en 1901, seulement 65 femmes l’ont reçu. La première à être honorée a été Marie Curie en 1903. Celle-ci l'a d'ailleurs reçu à deux reprises. Ce sont donc 64 femmes qui ont été primées contre 900 hommes en comptant les deux vainqueurs lundi du prix Nobel de médecine, Victor Ambros et Gary Ruvkun. 

En clair, 6,3% des Nobel sont des femmes… 1 sur 16 ! Avant 1990, il n’y avait eu que 21 femmes récompensées en 90 ans. Depuis, des progrès ont été constatés et en 35 ans, il y a eu 44 femmes prix Nobel.

La sous-représentation des femmes s'explique de différentes façons. Au début du XXe siècle, elles n’avaient pas accès aux hautes études scientifiques. Et quand ce fut le cas, des lois ont joué en leur défaveur. Jusqu'en 1971, par exemple, aux États-Unis - le pays à avoir reçu le plus de prix Nobel - une loi les empêchait de travailler dans les mêmes universités que leur mari. Sauf qu'au milieu du XXe siècle, la moitié des femmes scientifiques américaines étaient mariées à des collègues et n’avaient ainsi pas accès aux laboratoires de recherche. 

Les femmes spoliées de leurs découvertes

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De plus, pour avoir une chance d’être nobélisé, il faut être proposé aux comités de sélection. Vieux réflexe patriarcal, les hommes préféraient évidemment pousser d’autres hommes. Et puis, il y a eu l’effet Matilda ! Du nom de Matilda Joslyn Gage, une féministe américaine. En 1903, celle-ci a décrit un phénomène courant depuis des siècles : des hommes dépossèdent des femmes de leurs découvertes et se les auto-attribuent. Spoliation pure et dure. À cause de cet effet Matilda, trois femmes ont été privées du prix Nobel dont la dernière en date, Jocelyn Bell. 

En 1967, étudiante en astrophysique, elle repère un signal venu de l’espace avec le radiotélescope qu’elle a construit elle-même. Son directeur de thèse Anthony Hewish y voit une anomalie et se moque d’elle en baptisant ce signal "Petits hommes verts 1". En fait, elle a découvert les pulsars, jugés comme l'une des découvertes les plus importantes du XXe siècle. Sauf que le prix Nobel reviendra à Anthony Hewish en 1974. 

Et le plus injuste, c'est que c'est bel et bien une femme, Bertha Von Suttner, secrétaire puis amie d’Alfred Nobel, qui a joué un rôle déterminant dans la création de ses prix. Fervente pacifiste, elle a sensibilisé Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite et surnommé "Le marchand de la mort" au pacifisme. Elle lui a suggéré d’ajouter aux prix qu’il voulait créer, celui de la Paix, qu’elle sera d’ailleurs la première à recevoir.