Pourquoi Missak Manouchian, ouvrier immigré, sera le prochain à entrer au Panthéon

Dans sa chronique quotidienne diffusée sur RTL, Lorànt Deutsch retrace la vie de Missak Manouchian, un ouvrier immigré qui sera inhumé au Panthéon aux côtés de sa femme, le 21 février 2024.

Fresque murale située dans le 20e arrondissement de Paris qui illustre le portrait de l'immigré arménien Missak Manouchian (1906-1944), devenu l'un des principaux membres de la Résistance française en région parisienne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Crédit : MIGUEL MEDINA / AFP

LA QUOTIDIENNE - Pour quelle raison Missak Manouchian sera le prochain à entrer au Panthéon

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Missak Manouchian entrera au Panthéon avec son épouse Mélinée, le 21 février 2024. Mais qui était cet homme et cette femme ? Missak est né en 1906 dans un village de l’Empire ottoman. D’origine arménienne, il est très tôt confronté à la cruauté de l’histoire puisque ses parents font partie des centaines de milliers d’Arméniens massacrés par les Turcs entre 1915 et 1923. Réfugié avec son frère dans un orphelinat au Liban, il apprend le métier de menuisier et se passionne pour la littérature.

Il débarque en France en 1924. Il travaille d’abord comme menuisier à Marseille puis devient tourneur aux usines Citroën, à Paris. Il demande alors sa naturalisation, mais elle lui est refusée car il est au chômage à cette date. Manouchian adhère aussi au parti communiste et se mobilise pour la cause arménienne c’est là qu’il rencontre sa future femme Mélinée, qui, comme lui, a le statut d’apatride. Leur avenir est bien incertain alors que l’orage éclate en Europe...Nous sommes alors au début de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, Missak Manouchian est arrêté et emprisonné.

Son statut d’apatride et son engagement communiste le placent dans la catégorie des "indésirables". N’oublions pas qu’au début de la guerre, les Soviétiques et les Nazis étaient alliés, donc les communistes étaient suspects. Pour obtenir sa libération, Manouchian s’engage comme volontaire dans l’armée française puis est démobilisé après la débâcle en 1940. Militant communiste, il s’enfonce dans la clandestinité et la résistance après la rupture du pacte germano-soviétique. Il va alors mener des actions très violentes contre l’occupant. Par exemple, le 17 mars 1943, à Levallois-Perret, il attaque à la grenade un groupe de soldats allemands. Il a sous ses ordres une cinquantaine de combattants avec qui il déclenche une trentaine d’opérations armées du mois d’août à la mi-novembre, dont l’attentat contre le général allemand Julius Ritter, son plus gros coup d’éclat.

Le réseau Manouchian

Une affiche, dite "l’affiche rouge", sera placardée par les Allemands dans Paris pour décrédibiliser ceux qu’ils appellent " l’armée du crime". Mais elle suscite plutôt la sympathie… Si pour les uns ce sont des terroristes, pour beaucoup d’autres, ce sont des résistants et des libérateurs. Manouchian est finalement arrêté le 16 novembre 1943 par les brigades spéciales de la police française après une longue filature.

Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien à Suresnes avec 22 de ses camarades. Peu avant de mourir, incarcéré à la prison de Fresnes, il a rédigé une ultime lettre à son épouse Mélinée, une lettre émouvante et en français qui rappelle son goût pour la littérature : "Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée. Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement." Ce sera donc bientôt chose faite au Panthéon, le 21 février prochain.

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