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Langue française : pourquoi êtes-vous coincés dans les "bouchons" ou les "embouteillages" sur la route ?

Sur la route, les Français ont trouvé deux métaphores alcoolisées pour parler des embarras automobiles. Les explications de Muriel Gilbert.

Embouteillages sur l'A7 près de Vienne, le 2 août 2014. (archives)

Crédit : PHILIPPE DESMAZES / AFP

Muriel Gilbert & Sylvain Zimmermann

Nous sommes en juillet. C’est le début de la grande et belle saison des vacances… et des embouteillages ! Et les embouteillages, c’est passionnant. Il suffit de se pencher dessus au lieu d’essayer de les éviter.

Pour parler des embarras de circulation, les Britanniques ont choisi l’image collante et sucrée de "confiture de trafic" (traffic jam), tandis que, côté francophone, les Québécois parlent de "congestion", les Suisses de "colonnes" et les Belges de "files" de voitures.

Curieusement, en France, quand on ne parle pas d’embouteillages, on parle de quoi ? De bouchons ! Est-ce parce qu’il leur est si douloureux de choisir entre boire et conduire que les Français sont les seuls à avoir inventé deux métaphores alcoolisées pour les embarras automobiles ?


Ce n’est pas impossible. En tout cas, transformer des heures de poireautage sur la route en évocation de l’apéro, on peut être fiers, ça relève de la poésie rabelaisienne. "Embouteiller", au sens propre, c’est "mettre un liquide en bouteille".

Les embouteillages existaient déjà il y a 2000 ans

La première utilisation du mot comme métaphore remonte au début du XXe siècle, et elle était militaire : on s’en est servi pour imager le blocage d’une flotte ennemie à l’intérieur d’un port, en fermant la sortie… comme par un bouchon.

Des embouteillages de bateaux, avec l’avènement de l’automobile, on est passé à ceux des voitures, et depuis nous filons la métaphore liquide – et même sanguine, puisqu’on parle, cette fois par analogie avec le sang, de "circulation" ou de "flux" de véhicules, qui s’écoulent de manière plus ou moins "fluide" dans des grands axes qu’on appelle aussi… des "artères".


Ce sont donc des images plutôt récentes. Autant que l’automobile ! Mais les embouteillages, eux, existaient déjà il y a 2000 ans. Une loi de la Rome antique qui disait que "la circulation des personnes ne devait pas être gênée par un trop grand nombre de litières et de chars".

Le "bouchon" désigne aussi un délicieux bistrot

Même la cité de Pompéi réglementait le stationnement pour lutter contre les bouchons. Plus près de chez nous et de notre époque, en 1610, c’est bien un encombrement de charrettes, rue de la Ferronnerie, à Paris, qui a permis à Ravaillac de grimper sur le carrosse du roi Henri IV et de l’assassiner.

Voilà qui ne nous réconcilie pas avec les bouchons. Pour nous réconcilier avec les bouchons, rappelons-nous deux choses : le "bouchon" désigne aussi un délicieux bistrot traditionnel lyonnais et "mon petit bouchon" est une expression de tendresse – bon, OK, je vous l’accorde, on n’a jamais parlé tendrement d’un "gros bouchon".

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