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"Je suis une salle conne" : qu'est-ce le retournement du stigmate ?

Après les propos tenus par Brigitte Macron, de nombreuses personnalités féminines ont choisi de se réapproprier l'insulte. Une pratique nommée le "retournement du stigmate".

Augustin Trapenard, le 12 décembre 2025.

Crédit : RTL

"Ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'insulte en tant que telle, c'est la façon dont on décide de la récupérer, de se l'approprier, de la brandir"

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Augustin Trapenard - édité par Alexian Giron

Samedi 6 décembre, Brigitte Macron avait qualifié de "sales connes" des militantes féministes, ayant interrompu un spectacle de l'humoriste Ary Abittan. Cette insulte montre la violence qui s'est totalement banalisée dans le discours public et brosse le portrait du monde dans lequel nous vivons. Mais cette insulte n'a rien d'inédit. 

Ce qui est intéressant, ce n'est pas l'insulte comme telle, qui est affreusement banale, mais la façon dont certains décident de la récupérer, de se l'approprier et de la brandir. De nombreuses femmes politiques, artistes ou autres ont d'ailleurs saisi cette insulte, en écrivant "Je suis une sale conne", en soutien aux féministes visées par ces propos. Parmi elles, Marion Cotillard, Clara Luciani, Marine Tondelier, la romancière Marie Darrieussecq, Judith Godrèche, Rachida Brakni ou encore Lio. Plein d'autres ont repris cette insulte, avec un nombre de vues, d'acquiescements et de soutiens. 

Quand une insulte, devient une "fierté"

Ce que font ces femmes est un retournement du stigmate : "Tu m'insultes, je reprends l'insulte à mon compte, j'en fais une fierté". Une pratique qui ne date pas d'hier. Ainsi est né le courant littéraire "la négritude" avec Aimé Césaire. Les rappeurs brandissent encore le mot le "n-word". Les homosexuels, quant à eux, ont repris à leur compte le mot "queer" ou le mot "pédé", pour en faire une fierté. Au XVIIIᵉ siècle, la féministe Olympe de Gouges s'était déjà servi de cette technique pour revendiquer sa monstruosité alors que certains insultaient la dramaturge de "monstre". 

Lorsqu'un individu appartient à une minorité, l'insulte l'a construit toute sa vie, a expliqué le philosophe Didier Eribon. Dans le cadre familial, scolaire, social ou encore politique, la personne minoritaire n'a jamais cessé de se faire insulter. "Au commencement, il y a l'injure", a écrit Didier Eribon. Cela fait partie de l'individu concerné, constitutif de son identité et peut aussi rassembler sous forme de communauté. Simone de Beauvoir disait que l'oppression fait la femme

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