Il est rare de plonger dans l'intimité d'une icône. The Woman In Me, La Femme en moi (aux éditions JC Lattès) les mémoires de Britney Spears, offrent pourtant cette expérience en moins de 300 pages. Un livre événement comme il en existe peu. Il n’y a pas beaucoup de confessions couchées sur le papier qui font l’évènement.
"Dans l’histoire, seuls quelques-uns de ces ouvrages demeurent, explique le journaliste culture Aymeric Parthonnaud. On pense par exemple aux biographies de personnes qui ne s’expriment que rarement comme les membres de la famille royale britannique : Diana Spencer en tête ou, plus récemment, les mémoires de son fils, le prince Harry. Si Elizabeth II avait voulu écrire ses mémoires, les éditeurs lui auraient certainement proposé le plus juteux contrat du monde de l’édition".
"Les chefs d’État sont aussi des poules aux œufs d’or, on se souvient des mémoires de Barack Obama qui se sont arrachées contre plusieurs dizaines de millions d’euros ou, plus près de nous, les mémoires en trois volumes de Jacques Chirac qui avait été un beau succès. Et puis il y a les mémoires des stars du cinéma ou de la musique...", poursuit-il.
Pour que le succès soit là, en librairie, il faut que la personnalité fascine la planète, que son nom soit connu de tous. "Nous, journalistes, n’avons plus besoin d’expliquer qui est Britney Spears par exemple. Elle est comme Madonna ou Michael Jackson. La seule évocation de son prénom suffit. Mais il faut aussi et surtout que cette personnalité ait quelque chose à dire et donc, qu’elle soit mystérieuse ou, au moins, silencieuse depuis un petit moment. Une star qui serait constamment dans la lumière et passerait sa vie sur les plateaux télé à répondre à des interviews n’aurait aucune valeur en librairie. Ce qui est rare est cher", explique-t-il.
Britney Spears est à la confluence de ces trois nécessités : célébrité incomparable, silence (puisqu'elle sort d’une tutelle et d’un vaste conflit juridique avec son père qui a été un peu son geôlier pendant ces dernières années) et : elle a des choses à dire.
On dispose d'un thermomètre assez implacable pour comprendre que cette autobiographie va être un des temps forts de l’année en librairie : le tirage, c’est-à-dire le nombre de livres qui a été commandé par l’éditeur pour la première impression.
Le tirage américain est de 1 million de copies, autant vous dire que toutes les librairies et les rayons des supermarchés de New York aux petites villes de la Nouvelle-Orléans d’où vient Britney ont ce livre en tête de gondole. En France, parce que la sortie est globale et simultanée sur tous les continents (26 pays, 15 langues), le titre a été imprimé à 150.000 exemplaires a indiqué à RTL la maison d’édition JC Lattès. Aujourd’hui, la biographie de Britney Spears est n°1 des ventes, même en France où pourtant sort un autre mastodonte de l’édition : le nouvel album d’Astérix.
Tout a été fait pour que cette sortie soit un événement. Il y a eu les premières bonnes pages qui sont sorties dans la presse people avec une interview et des photos exclusives. Ça c’était histoire d’appâter le chaland. Même pour le livre audio, c’est une star, l’actrice Michelle Williams (Dawson, Le Secret de Brokeback Mountain) qui fait la lecture des confessions de Britney Spears à la première personne. Les deux femmes sont très semblables : blondes, la jeune quarantaine (elles n’ont que quelques mois de différence) et une carrière commencée très jeune. Un double vocal assez bien trouvé.
Selon le magazine people américain Page Six, Britney Spears a signé un accord de 15 millions de dollars avec la grande et très respectable maison d'édition américaine Simon & Schuster pour la rédaction de ses mémoires. On est loin des 60 millions des mémoires d’Obama mais ça reste un chèque gigantesque, résultat d’une surenchère entre plusieurs éditeurs.
Et on imagine que s’il y a des réimpressions, des adaptations de films, séries, etc. Britney Spears continuera à toucher des droits sur le long terme. C’est une très belle opération financière pour elle. Les jeunes auteurs en général, n’ont que des avances de quelques milliers d’euros pour leurs premiers livres. Mais bon, nous parlons de Britney Spears...
Parmi les révélations de ces mémoires, l'interruption de sa grossesse alors qu'elle était en couple avec le chanteur Justin Timberlake a déjà fait le tour du monde. Britney Spears ne reste pas des pages et des pages sur cet épisode douloureux. C’est une des grandes forces du livre d’ailleurs, qui est assez bien écrit, il faut le reconnaître. La star ne tourne pas autour du pot, elle va droit au but, sans broder pendant des lignes et des lignes. Elle ne tombe pas non plus dans le pathos ou la vulgarité pour se donner un genre poète maudite ou écrivaine punk rock subversive. L’écriture est franche, concise, parlée.
Sur cet avortement qui est l’un des points finaux de sa grande histoire d’amour avec Justin Timberlake, Britney Spears raconte - et c’est un thème récurrent dans son livre - la dépossession, un choix imposé. Tout au long du livre, on assiste à la vie de Britney Spears et elle a l’air d’être au même niveau que nous, elle contemple son existence, sa carrière, elle assiste impuissante à sa vie. C’est un sentiment particulier. Doux souvent et, aussi, assez dérangeant.
Elle raconte que Justin ne voulait pas être père et qu’il avait choisi pour elle l’issue de cette grossesse. Mais quand on s’appelle Britney Spears, qu’on est la "petite fiancée" de l’Amérique avec une image plutôt conservatrice de vierge éternelle pour satisfaire les fantasmes du public, on ne peut pas se rendre à l’hôpital ou dans une clinique. Pour échapper à la presse, c’est chez eux, dans une salle de bain que l’avortement médicamenteux s’est déroulé.
"La douleur était indescriptible, raconte-t-elle. Je suis tombée à genoux, cramponnée à la cuvette des toilettes, j’étais incapable de bouger. Aujourd’hui encore, ça reste l’une des pires douleurs que j'ai connues. Justin m’a rejointe dans la salle de bain et il s’est assis par terre à côté de moi. Il est allé chercher sa guitare et il m’a tenu compagnie en grattant doucement les cordes".
Jamais elle n’assassine Justin Timberlake dans son livre. Il n’y a aucune attaque gratuite, elle semble toujours trouver des excuses, des explications, elle voit le verre à moitié plein et reste toujours élégante. Par contre, il y a un homme pour qui Britney Spears ne mâche pas ses mots : son père...
Dans cet épisode de Focus, Nathan Bocard reçoit le journaliste culture Aymeric Parthonnaud. Ils décryptent les passages les plus forts, émouvants et surprenants de cette biographie tant attendue. Sa jeunesse dans une famille marquée par l'alcool et la violence, sa plongée vertigineuse dans le monde des adultes, sa descente aux enfers, sa tutelle et sa récente résurrection.
>> Focus est un podcast d'actualité quotidien. Du lundi au vendredi, la rédaction de RTL revient sur un fait marquant de l’actualité avec les reporters, les correspondants et les experts de RTL. Et chaque dimanche, dans Focus Dimanche Mohamed Bouhafsi prend le temps de faire un zoom sur les sujets d’actualité de la semaine et donne la parole à ceux qui la font.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte